La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

image_author_Hugo_Clément
Par Hugo Clément
18 oct. · 7 mn à lire
Partager cet article :

J'ai hésité à vous envoyer cet email

Je me suis posé la question au moment d'écrire cette newsletter : faut-il faire une pause ? Faut-il s'effacer devant l'actualité horrible de ces derniers jours et laisser passer un moment de silence ? Ou faut-il continuer, malgré tout, à parler d'écologie ? Même si c'est difficile, je pense finalement qu'il est important de garder le cap.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien, malgré les événements de ces derniers jours.

Quelques informations pratiques, avant d'aborder les sujets de fond. D’abord, je vous rappelle qu’il est désormais possible, si vous le souhaitez, de soutenir cette newsletter financièrement. Cela ne change rien au contenu, car je souhaite qu’il reste gratuit pour tout le monde, mais cela permet de nous aider à réaliser chaque semaine cette newsletter. Vous pouvez sélectionner le montant qui vous correspond le mieux : 5 euros, 10 euros ou 40 euros. Il suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous. Merci !

Par ailleurs, voici les prochaines villes dans lesquelles je viens vous rencontrer, pour échanger autour de ma BD Le théorème du vaquita :


- BORDEAUX : vendredi 20 octobre, 18h30, Darwin Ecosystème

- TOULOUSE : samedi 21 octobre, 15h, librairie Gibert Joseph

- ANGOULÊME : dimanche 22 octobre, 14h30, espace Franquin

- STRASBOURG : jeudi 2 novembre, 18h30, cité de la musique et de la danse

- BRIVE : samedi 11 novembre, Foire du livre, 16 heures

- RENNES : samedi 18 novembre, 10h30, espace Ouest France

- NANTES : dimanche 19 novembre, Climat Libé Tour (lieu et heure à venir)

- MARSEILLE : samedi 16 décembre, Climat Libé Tour, à la Friche Belle de Mai (heure à venir)

Tous ces événements sont gratuits et accessibles à tous. D’autres dates sont en cours d’organisation. En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous !

Hugo

C’est le coeur lourd que j’écris ces lignes, car, comme vous, je suis spectateur impuissant des informations qui défilent dans les médias ces derniers jours, toutes plus tristes les unes que les autres.

Attentats du Hamas contre Israël avec des familles entières massacrées, bombardements massifs sur Gaza qui tuent des civils, l’horreur qui frappe encore une fois la France et l’école de la République, avec l’assassinat du professeur Dominique Bernard par un terroriste islamiste, l’attaque à Bruxelles contre des supporters suédois, la guerre qui continue en Ukraine…

On ne peut qu’être en empathie totale avec les victimes de ce déchaînement de violence, et ce n’est pas sans conséquence pour notre moral. Il est normal de se sentir abattu, stressé, inquiet pour ses enfants, pour ses projets… C’est aussi mon cas. À tel point que je me suis demandé si j’allais écrire cette newsletter. Peut-on continuer à parler d’écologie quand toute l’attention, y compris la mienne, est focalisée sur des événements d’actualité aussi dramatiques ? N’est-ce pas décalé ou dérisoire, quand tant de gens voient leurs vies anéanties par la cruauté humaine ?

Pourquoi continuer à parler d’écologie malgré l’actualité dramatique ?

Certains commentaires sous mes posts Instagram et Facebook m’ont reproché ces derniers jours de relayer la mobilisation pour l’A69 ou les informations sur le glyphosate, avec les termes suivants : “C’est vraiment ça la priorité du moment ?” ou “Il n’y a pas plus important là ?”.

Ces remarques m’ont interpellé et j’ai franchement hésité à mettre en pause mes posts, mes chroniques et cette newsletter. Et puis, en y réfléchissant bien, en en parlant autour de moi, j’ai finalement décidé de poursuivre le travail, malgré l’actualité. Parce que cela n’empêche pas de soutenir les victimes et d’exprimer sa solidarité. Mais aussi parce que le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité ne s’arrêtent pas, eux, et que, si rien ne change, les conséquences à long terme de ces phénomènes seront encore plus graves que les conflits actuels et le terrorisme, en termes de perte de vies humaines et de détérioration de nos conditions de vie.

Comme le disait l’astrophysicien Hubert Reeves, célèbre scientifique et défenseur de la biodiversité, qui nous a quittés la semaine dernière à 91 ans : “Actuellement, l’humain mène une guerre contre la nature. S’il gagne, il est perdu”.

J’ai la chance d’avoir des canaux de diffusion qui touchent beaucoup de monde, dont cette newsletter, et il serait irresponsable de ne pas les utiliser, vu la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Cette semaine, dans la lignée du décryptage de la semaine dernière, je continue donc à vous informer sur la folie de l’élevage intensif qui se poursuit dans notre pays.

Un élevage de 192 500 poulets va voir le jour

La décision est tombée le 5 octobre. La justice donne son accord à l’agrandissement d’un élevage industriel de poulets, situé à Néant-sur-Yvel, dans le Morbihan. Cette exploitation élève déjà actuellement 40 000 poulets de chair, destinés à la consommation. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui arrive ! Après la construction de deux nouveaux bâtiments de 2000 m2 chacun, cette ferme-usine élèvera 192 500 poulets. Oui, vous avez bien lu : quasiment 200 000 poulets dans un seul élevage ! Il y aura entre 25 et 35 poulets par m2 en fonction des moments, ce qui représente moins d’une feuille A4 par poulet. Évidemment, aucun accès au plein air. Ils restent enfermés 24h/24 dans les bâtiments.

Dans les élevages intensifs de poulets de chair, la promiscuité est extrême.Dans les élevages intensifs de poulets de chair, la promiscuité est extrême.

J’ai visité beaucoup d’élevages de poulets avec une concentration similaire, notamment un qui fournissait McDonald’s. Ces animaux, qui sont en général abattus avant leur 40ème jour, ont été sélectionnés de génération en génération pour grossir toujours plus vite. Nombre d’entre eux présentent donc des malformations au niveau des pattes, qui ne parviennent plus à supporter le poids de ce corps obèse. Certains poulets n’arrivent plus à marcher, et meurent donc de faim et de soif, incapables d’atteindre les mangeoires, ou piétinés par leurs congénères. J’ai vu de mes propres yeux d’innombrables cadavres dans les élevages que j’ai visités. On ne peut pas parler de “vie”. Ces poulets de chairs subissent un calvaire du premier au dernier jour de leur si courte existence.

Des poulets morts ou mourants, victimes de diverses pathologies, dans un élevage industriel. (photo L214)Des poulets morts ou mourants, victimes de diverses pathologies, dans un élevage industriel. (photo L214)

En France, chaque année, environ 800 millions de poulets sont abattus, et 83 % d’entre eux n’ont jamais accès à l’extérieur. En moyenne, les Français consomment 17,4 kilos de viande de poulet par an et par personne. L’essentiel de cette viande est consommée sous forme de produits transformés (plats préparés, sandwichs, fast-food…).

...