La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
4 juil. · 4 mn à lire
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Je suis convoqué au tribunal

J'espère que vous m'apporterez des oranges en prison ! Je comparaîtrai le 15 septembre 2025 devant le tribunal judiciaire de Paris. Explications dans cette newsletter.

Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.

Oui, je sais, j’ai un jour de retard. Normalement, je vous écris le mercredi, mais j’ai été pris par quelques urgences de tournage. Désolé pour cela !

Merci pour vos très nombreux messages suite à ma newsletter de la semaine dernière, dans laquelle je vous expliquais pourquoi je ne donnais pas de consigne de vote pour les élections législatives. Je suis heureux de savoir que vous soutenez cette ligne journalistique.

Bien sûr, je vous encourage à vous rendre aux urnes ce dimanche, pour ne pas laisser les autres choisir à votre place. L’enjeu est immense.

En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous.

Hugo

En ce moment, à chaque fois que j’ouvre ma boîte aux lettres, je m’attends à trouver une lettre d’un juge. Et quand mon avocat m’appelle, je sais qu’une nouvelle procédure va venir s’ajouter à la pile de celles déjà en cours. Face à nos enquêtes, certains multiplient les intimidations judiciaires pour nous faire perdre du temps, de l’énergie et de l’argent.

J’ai appris cette semaine que je suis convoqué le 15 septembre 2025 pour être jugé par le tribunal de Paris. Cela fait suite à une plainte pour diffamation déposée par Benjamin Tranchant, dont je vous avais déjà parlé l’année dernière.

Le riche héritier fan de chasse en enclos n’aime pas la critique

Benjamin Tranchant n’a pas apprécié (c’est un euphémisme) notre enquête Sur le front sur la chasse en enclos, dont il est un fervent défenseur. Ce riche héritier du groupe de casinos Tranchant possède un immense enclos de chasse en Sologne, dans lequel il enferme des sangliers, des biches et des chevreuils pour leur tirer dessus.

Dans le cadre de notre enquête sur cette pratique cruelle qui ne laisse aucune chance aux animaux, Benjamin Tranchant avait accepté de nous laisser filmer, car il était “fier” de ce qu’il faisait et tenait à répondre aux critiques. Mais suite à la diffusion, l’enquête n’allant pas dans le sens qu’il souhaitait, il a changé d’avis et a porté plainte contre moi pour “diffamation”.

Je vous laisse regarder l’extrait en question, qui fait l’objet de la plainte, pour vous faire votre propre avis : vous pouvez accéder à la vidéo sur Facebook en cliquant ici.

Comme vous pourrez le constater, il n’y a dans cette séquence que des propos factuels de notre part : nous montrons la réalité de la chasse en enclos et nous laissons la possibilité à Benjamin Tranchant de s’exprimer pour donner son point de vue. Il n’y a aucun propos diffamatoire, insultant ou mensonger.

Pour que vous réalisiez le ridicule de cette plainte, Benjamin Tranchant estime carrément que le titre de l'émission "Le monde opaque des enclos de chasse", est en lui-même diffamatoire. Alors que c'est purement factuel : c’est un monde opaque, auquel il est difficile d’avoir accès.

Des procédures-bâillon pour fatiguer les journalistes et lanceurs d’alerte

Nous sommes ici dans le cas typique d’une procédure-bâillon, qui n’a quasiment aucune chance d’aboutir, mais qui permet d’épuiser les citoyens ou journalistes visés par la plainte, en les forçant à se défendre, à payer un avocat, à constituer un dossier, à se déplacer devant les juges… Ces procédures-bâillons sont utilisées par des personnes comme Benjamin Tranchant, aux moyens quasiment illimités, qui peuvent se permettre de dépenser des milliers d’euros de la sorte.

Souvent, cela suffit à décourager les gens visés par les procédures et à dissuader d’autres de venir se frotter au puissant. Heureusement, à Sur le front et Vakita, nous avons des équipes solides et les moyens de nous défendre. Nous ne céderons donc pas un centimètre de terrain face à ces pressions, et je suis très confiant sur l’issue de ce procès, même si je déplore l’encombrement inutile des tribunaux qui en résulte.

La chasse en enclos : même des chasseurs sont contre !

Précisons qu’il ne s’agit pas dans ce cas d’une opposition classique entre les “écolos” et les chasseurs. En effet, beaucoup de chasseurs sont opposés à la chasse en enclos, qui implique, notamment en Sologne, de clôturer des parcelles entières de forêt, empêchant la libre circulation des animaux sauvages, des promeneurs et… des chasseurs !

Quand on prélève 200 sangliers en une partie de chasse sur un domaine de moins de 150 hectares, ce n’est plus de la chasse mais un massacre”, explique ainsi Raymond Louis, chasseur et président de l’Association des amis des chemins de Sologne, au site Reporterre.

Même Hubert-Louis Vuitton, le président de la Fédération départementale des chasseurs du Loir-et-Cher, abonde auprès de France Info : “Quand vous entendez pendant un quart d’heure la pétarade, franchement, même en tant que chasseur, je préfère descendre de mon mirador et rentrer chez moi”.

Notons pour finir qu’une loi a été adoptée en janvier 2023 par l’Assemblée nationale pour compliquer la pratique de la chasse en enclos, sans pour autant l’interdire.

Si vous souhaitez nous soutenir face à la multiplication des procédures bâillon (je vous rappelle que je suis également mis en examen suite à des plaintes de Pierre Cadéac, le dresseur accusé de maltraiter ses animaux, et de Willy Schraen, le patron des chasseurs), vous pouvez vous abonner sur Vakita.fr ! Cela permet de financer nos enquêtes et de résister aux attaques. Vous pouvez profiter de la promotion encore en cours pour quelques jours : 20 euros l’année d’abonnement au lieu de 50 euros.

Merci pour votre soutien !

1- La consommation de viande est en baisse en France !

La consommation de viande a baissé de 1,7 % en France en 2023, selon les données du service statistique du ministère de l’agriculture, publiées fin juin. Après deux ans de hausse consécutive en 2021 et 2022 sous l’effet de la reprise économique post-covid, ce fléchissement s’explique en bonne partie par l’inflation et l’augmentation des prix de la viande (+ 7,8 % pour le bœuf en 2023). 

Consommation totale brute de viande en France. (Source : France Info)Consommation totale brute de viande en France. (Source : France Info)

Ces résultats sont tout de même à nuancer quand on regarde l’étude dans le détail. Si la consommation de viande bovine et porcine recule de 3,7 % en un an, la consommation de viande de poulet, elle, augmente dans les mêmes proportions. En vingt ans, elle a même doublé, passant de 12,1 kilogrammes équivalent carcasse (kgec) par personne et par an en 2003, à 23,3 kgec par personne en 2023. Sur la même période, la consommation de viande de bœuf a baissé de 19 %, passant de 26,3 kgec/personne à 21,3 kgec/personne. Moins chère, et avec un impact plus faible sur le climat, la viande de poulet se substitue peu à peu au bœuf dans l’assiette des Français.

2 - Une vague de chaleur meurtrière frappe le Pakistan dans l’indifférence générale

Une vague de chaleur meurtrière a frappé la semaine dernière le sud du Pakistan, avec des températures atteignant jusqu’à 49 °C à Karachi, la plus grande ville du pays. Plus de 500 personnes sont mortes en quelques jours à cause de ces températures extrêmes, selon des responsables de santé du pays, indiquant que les morgues ont même été dépassées par l’afflux de corps. Selon la BBC, la plupart des victimes seraient des personnes sans-abris qui errent dans les rues et ne peuvent pas se protéger du soleil ravageur. 

Des températures jusqu'à 49 °C ont été enregistrées dans la plus grande ville du pays, Karachi, à l'est de cette carte.Des températures jusqu'à 49 °C ont été enregistrées dans la plus grande ville du pays, Karachi, à l'est de cette carte.

En plus de tuer les plus fragiles, cette canicule extrême provoque aussi un pic d’hospitalisations. Les principaux symptômes dûs aux fortes chaleurs sont des vomissements, des diarrhées et des fortes fièvres. Le Pakistan risque par ailleurs d’affronter d’importantes inondations en juillet, provoquées par les moussons couplées à la fonte de ses glaciers sous l’effet des fortes chaleurs.

Alors qu’il contribue pour moins de 1 % aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde, le Pakistan subit de plein fouet les conséquences du changement climatique.

3 - Un ouragan “monstrueux” dévaste les Antilles

L’ouragan Beryl, le premier de la saison dans l’Atlantique, s’est abattu cette semaine sur plusieurs îles des Caraïbes. Rétrogradé un temps en catégorie 3, la puissance de Beryl s’est renforcée de façon exceptionnelle dans la soirée de lundi à mardi et a été relevée en catégorie 5, c’est-à-dire la plus élevée.

Avec des vents allant jusqu’à 230 km/h et des pluies torrentielles, Beryl est décrit par le Centre national américain des ouragans comme “potentiellement catastrophique”. Si la puissance de cet ouragan inquiète autant les scientifiques, c’est parce qu’un phénomène climatique de cette ampleur est très rare si tôt dans la saison. Sur X, l’agro-climatologue Serge Zaka explique même que l’ouragan Beryl “réécrit l'Histoire en mettant à la poubelle toutes les statistiques connues jusqu'à présent dans l'Atlantique Nord.”

Selon les scientifiques, la puissance de Beryl est en lien avec le dérèglement climatique qui crée des conditions plus favorables pour la formation des ouragans, notamment avec les températures anormalement élevées de l’océan Atlantique pour la période.

Mercredi, l’état d’alerte maximale a été décrété en Jamaïque, qui se trouve sur la trajectoire de l’ouragan. À l’heure où j’écris ces lignes, au moins sept personnes sont décédées à cause de Beryl dans le reste des Antilles.


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C’est le nombre de foyers d’incendies détectés depuis le début de l’année dans le Pantanal, la plus grande zone humide du monde, située dans l’ouest du Brésil. Depuis janvier, des incendies massifs ravagent ce trésor de biodiversité, où l’on recense plus de 2 000 espèces de végétaux, près de 600 espèces d’oiseaux, ou encore plus d’une centaine de mammifères différents. 

Les incendies dans la région humide du Pantanal, comme ici en 2019, deviennent de plus en plus fréquents et intenses. (Photo Chico Ribeiro)Les incendies dans la région humide du Pantanal, comme ici en 2019, deviennent de plus en plus fréquents et intenses. (Photo Chico Ribeiro)

Sur les cinq derniers mois, la surface brûlée est 39 % plus importante qu’en 2020 à la même date, une année déjà record en matière de méga feux dans la région. Ces violents incendies sont rendus possibles par une sécheresse historique qui frappe le Pantanal, et qui augmente la fréquence et la puissance des feux. Mais pas seulement : certains de ces incendies sont provoqués de manière volontaire, notamment par des agriculteurs qui ont recours aux brûlis pour “nettoyer” des terrains afin de les utiliser pour l’élevage.

En juillet, mangeons des fruits et légumes de saison !

Comme chaque début de mois, je vous propose la liste des fruits et légumes de saison, avec les illustrations de Claire Sophie Pissenlit pour Vakita. Aujourd’hui, place à mon mois préféré : juillet et sa belle diversité de fruits 😍



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