La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
22 nov. · 6 mn à lire
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Où finissent les pots de yaourt que vous triez ?

Quand on jette les emballages dans la poubelle jaune, on pense qu'ils seront recyclés. En réalité, c'est plus compliqué que ça. Avec les équipes de mon émission "Sur le front", nous avons enquêté pour savoir ce que deviennent les pots de yaourt que nous trions. Et nous sommes allés de surprise en surprise... Décryptage dans cette newsletter.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien et que vous avez été épargnés par les inondations de ces derniers jours. Après une période de sécheresse, voici venir des précipitations anormalement fortes. Cette multiplication des phénomènes extrêmes est l’une des conséquences du changement climatique. En agriculture, il est coutumier de dire : “une bonne météo, c’est celle qui ne dure jamais trop longtemps.”

Malheureusement, avec l’accélération du dérèglement climatique, il va falloir s’habituer et s’adapter à de longues périodes soit trop sèches, soit trop humides, avec les conséquences que l’on connaît.

Sinon, quelques infos : nous avons réimprimé ma BD Le théorème du vaquita, pour que vous puissiez la trouver dans toutes les librairies et magasins spécialisés, en prévision de la période de Noël. Merci encore pour le merveilleux accueil que vous réservez à cet ouvrage.

Je vous rappelle aussi que l’Ocean Fest, le festival caritatif que j’ai créé avec Worakls, approche à grands pas ! Ce sera le 6 janvier 2024 à Nantes, avec une journée de conférences (dont une avec Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd) suivie d’une soirée de concerts au Zénith de Nantes, et d’une nuit de fête à la Warehouse. Tous les artistes sont bénévoles (programmation disponible sur le site) et les bénéfices seront intégralement reversés aux associations de défense de l’environnement et des animaux Sea Shepherd France, One Voice, Les amis de l’Erdre, et Clean Nantes.

Ne perdez pas trop de temps, les places partent vite !

En attendant, bonne lecture, et prenez soin de vous.

Hugo

Si vous êtes sensibles à l’environnement, vous avez sûrement pris l’habitude de trier vos déchets, en séparant les emballages en carton et plastique du reste des ordures, avec l’espoir qu’ils soient recyclés.

C’est mon cas, j’effectue systématiquement le tri entre poubelle classique et poubelle jaune. Depuis quelque temps déjà, les pots de yaourts doivent être mis avec les déchets recyclables, nous dit-on. C’est ce que je fais. Mais que se passe-t-il ensuite ? Que deviennent ces pots de yaourt ? 

Avec les équipes de mon émission Sur le front, nous avons mené l’enquête. Elle sera diffusée ce lundi 27 novembre à 21 heures sur France 5, et ce que nous avons découvert est assez dingue.

Une fois jetés, les pots de yaourt, qui sont en plastique PS, c’est-à-dire en polystyrène, rejoignent un centre de tri proche de chez vous. Là, comme tous les autres emballages, ils passent sur des tapis et à travers différentes machines, qui trient en fonction des différents types de déchets.

Les pots de yaourt sont conditionnés sous forme de balles de déchets, dans les centres de tri ou de surtri.Les pots de yaourt sont conditionnés sous forme de balles de déchets, dans les centres de tri ou de surtri.

Durant cette étape, les opercules des pots de yaourt sont mis de côté, car elles contiennent du plastique ET de l’aluminium. Ce serait techniquement possible de les recycler, mais c’est complexe, alors les opercules repartent vers le circuit classique des ordures ménagères : elles seront brûlées ou enfouies.

Nos pots de yaourt, eux, rejoignent le groupe des plastiques rigides, et sont conditionnés en balles. Ensuite, ils quittent le centre de tri pour prendre la direction d’un centre de surtri, un site où on va trier plus précisément avant d’envoyer les déchets dans les filières de recyclage correspondantes.

Le centre de surtri des emballages plastiques, Bourgogne Recyclage.Le centre de surtri des emballages plastiques, Bourgogne Recyclage.

Nous avons voulu filmer dans l’un de ces centres de surtri, en Bourgogne, pour comprendre comment cela fonctionnait. Étrangement, l’accès nous a été refusé, et les responsables du site nous ont même envoyé les gendarmes pour nous demander de déguerpir ! Pourquoi une telle hostilité ? L’un des directeurs du centre de surtri nous l’avoue au téléphone : ils ne parviennent pas encore à bien séparer les pots de yaourt des autres plastiques.

Les gendarmes contrôlent l'équipe de "Sur le front" devant le centre Bourgogne Recyclage.Les gendarmes contrôlent l'équipe de "Sur le front" devant le centre Bourgogne Recyclage.

C’est pour cela qu’ils ne voulaient pas que l’on filme : la grande majorité des pots de yaourt qui arrivent au centre de surtri partent en « refus de tri ». Que deviennent-ils ? Selon le directeur, ils sont « valorisés en CSR ». En CSR ? Oui, en Combustible Solide de Récupération.

Concrètement, cela veut dire qu’ils vont être brûlés. Mais pas par un incinérateur d’ordures ménagères, par des cimenteries !

Nous suivons des camions qui rejoignent notamment le site de Couvrot, une cimenterie qui fait partie des 50 sites industriels les plus polluants de France. L’usine a besoin de combustible pour alimenter ses fours et fabriquer du ciment.

La cimenterie de Couvrot, qui utilise des CSR pour alimenter ses fours, est l'un des 50 sites les plus polluants de France.La cimenterie de Couvrot, qui utilise des CSR pour alimenter ses fours, est l'un des 50 sites les plus polluants de France.

On pourrait se dire : « Ce n’est pas très grave, car les pots de yaourt auraient dans tous les cas été brûlés dans un incinérateur si on les avait jetés avec les ordures ménagères. »

Sauf que les incinérateurs et les cimenteries ne sont pas soumis aux mêmes normes… Un incinérateur doit rejeter maximum 10 milligrammes de poussière par mètre cube. Une cimenterie, elle, peut émettre jusqu’à 30 milligrammes de poussière par mètre cube. Trois fois plus. Cette situation a de quoi faire bondir.

Mais il y a plus encore. Car tous les pots de yaourt refusés par les centres de tri ou de surtri et transformés en CSR ne sont pas brûlés par les cimenteries. Certains sont… exportés ! Nous en avons été témoins au port de Saint-Brieuc, où des balles de CSR sont mises sur des bateaux, direction la Suède !

Les CSR sont chargés sur un bateau pour être exportés.Les CSR sont chargés sur un bateau pour être exportés.

Nos pots de yaourts consciencieusement triés pour être recyclés parcourent plus de 2000 kilomètres et, une fois arrivés à destination, sont brûlés pour faire tourner des turbines et produire de l’électricité. De l’électricité présentée comme… verte.

Jetons un œil sur les chiffres que nous avons réunis durant notre enquête. Chaque année en France, les pots de yaourt (sans leur contenu) représentent 60 000 tonnes de plastique. Beaucoup sont jetés dans la poubelle classique, et donc brûlés par les incinérateurs ou enfouis.

Mais le tri prend de l’ampleur : 11 000 tonnes de pots de yaourt sont mises dans la poubelle jaune de recyclage et arrivent dans les centres de tri. Là, l’immense majorité est finalement exclue des filières de recyclage et finit incinérée dans des cimenteries ou des sites industriels.

Au final, seules 2000 tonnes de pots de yaourt rejoignent effectivement une usine de recyclage. Faites le calcul : 2000 tonnes de 60 000 tonnes, ça fait 3 %. À peine 3 % de nos pots de yaourt sont donc aujourd’hui recyclés. Et cela ne se passe même pas en France, car aucune usine de recyclage n’est capable de traiter ce type de plastique dans notre pays.

L'enquête "Sur le front" sera diffusée ce lundi 27 novembre à 21 heures sur France 5. L'enquête "Sur le front" sera diffusée ce lundi 27 novembre à 21 heures sur France 5.

Nos 3 % de pots de yaourt recyclés le sont en Espagne, près de Valence. Nous avons pu visiter cette usine, et nous avons compris qu’il ne s’agit pas vraiment de recyclage, mais plutôt de décyclage. Le recyclage, c’est quand on fabrique un objet identique : une bouteille redevient une bouteille. Le décyclage, c’est quand on fabrique autre chose avec la matière du premier objet. C’est le cas pour nos pots de yaourt dans l’usine espagnole, qui ne sont pas recyclés en nouveaux pots de yaourt, mais transformer en cintres ou en pots de fleurs en plastique noir.  

Dans l'usine de recyclage espagnole, les pots de yaourts sont transformés en petites billes puis utilisés pour fabriquer des cintres.Dans l'usine de recyclage espagnole, les pots de yaourts sont transformés en petites billes puis utilisés pour fabriquer des cintres.

Bref, un pot de yaourt en plastique recyclé, techniquement, c’est possible mais, dans les faits, ça n’existe pas aujourd’hui. Notre enquête a de quoi décourager… Mais il ne faut pas pour autant arrêter de faire le tri, car d’autres type de plastiques se recyclent beaucoup mieux et plus massivement, notamment le PET qui compose les bouteilles. Et même pour les pots de yaourt, il faut garder le réflexe de les mettre dans la poubelle jaune, car les filières de tri et de recyclage se perfectionneront certainement dans les prochaines années.

Par ailleurs, des solutions existent, comme vous le découvrirez dans notre émission Sur le front diffusée lundi prochain (27 novembre à 21 heures sur France 5, je le rappelle). L’une des pistes d’amélioration consisterait à fabriquer nos pots de yaourt en plastique PET et non en polystyrène, pour faciliter le recyclage. Mais cela implique des investissements massifs de la part des industriels qui doivent changer leurs lignes de production.

La solution la plus évidente et la plus vertueuse est ailleurs : il s’agit de la consigne ! Ce système fonctionnait très bien il y a quelques décennies. Il consiste à utiliser des emballages lavables et réutilisables, à l’image de la fameuse tournée du laitier qui apportait et récupérait ses bouteilles de lait en verre.

L'entreprise Uzaje lave les contenants réutilisables des cantines et commerçants. L'entreprise Uzaje lave les contenants réutilisables des cantines et commerçants.

Une bouteille en verre consignée peut être lavée et réutilisée entre 30 et 50 fois. Si elle a quasiment disparu en France, la consigne existe toujours - en partie - en Alsace et surtout en Allemagne. Chez nos voisins, il y a même des bouteilles en plastique consignée, qui sont plus épaisses et solides que les nôtres et qui sont fabriquées avec un format standard, quelle que soit la marque, ce qui permet de faciliter leur collecte, lavage et réutilisation.

C’est pratique, facile, et cela rapporte de l’argent au consommateur, puisque le prix de la consigne lui est systématiquement restitué quand il ramène les contenants, alors que le coût d’un contenant jetable est à la charge du consommateur et non-récupérable.

En Allemagne, certaines bouteilles en plastique sont plus solides et toutes au même format, afin d'être consignées et réutilisées.En Allemagne, certaines bouteilles en plastique sont plus solides et toutes au même format, afin d'être consignées et réutilisées.

Lorsqu’il y a moins de 300 kilomètres entre le producteur et le distributeur, la consigne est vertueuse pour l’environnement, y compris en termes d’émissions de gaz à effet de serre, et permet de réduire très fortement les déchets. Bref, c’est du bon sens. 

Il y a urgence à redéployer la consigne à grande échelle, ce qui implique un changement de réglementation et un effort de la part des fabricants et des distributeurs. C’est là que le bât blesse. Comme vous le découvrirez dans Sur le front, les industriels du plastique et les grandes marques de boisson (qui fabriquent souvent elles-mêmes leurs bouteilles jetables) déploient un lobbying considérable pour bloquer le retour de la consigne et dénigrer ce système pourtant vertueux.

Cependant, il n’y a pas de fatalité. À nous, citoyens et consommateurs, d’interpeller nos élus sur le sujet, de rejoindre les associations qui luttent contre le plastique, comme Zero Waste France ou Surfrider, et de montrer que nous sommes prêts à réduire notre volume de déchets.

 

1 - Bayer à nouveau lourdement condamné à cause du glyphosate 

Un tribunal de Jefferson City, dans le Missouri, a condamné vendredi dernier Monsanto (propriété du géant de l’agro-chimie Bayer) à verser 1,5 milliard de dollars à trois Américains, en indemnisation de leur cancer, imputé à des années d’utilisation du désherbant Roundup à base de glyphosate.

Si Bayer a annoncé faire appel de la décision, ce revers juridique est le quatrième en seulement un mois pour la firme. De quoi faire dévisser l’action de Bayer en bourse. Lundi, la multinationale allemande a enregistré une baisse de son cours de 19 %.

Ce jugement intervient également quelques jours à peine après la décision de la Commission européenne de reconduire l’usage du glyphosate pour 10 ans dans l’Union européenne, faute d’opposition suffisante des États membres. Pour rappel, la France s’est abstenue dans ce dossier, quand d’autres États comme le Luxembourg, l’Autriche ou la Croatie ont voté contre cette ré-autorisation.

2 - Alarmant : 90% des hirondelles ont disparu en Île-de-France en 20 ans

En Île-de-France, une hirondelle ne fera bientôt plus le printemps. C’est le triste constat d’une grande enquête menée par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et le Muséum national d’histoire naturelle. Réalisée entre 2001 et 2021 via un réseau d’observateurs bénévoles, cette étude pointe un effondrement des populations d’hirondelles en Île-de-France. En cause : l’urbanisation, l’agriculture intensive qui décime les insectes (source de nourriture pour les hirondelles) et la surfréquentation des massifs forestiers. Une situation qui ne cesse de s’empirer avec le temps.   

Photo LPOPhoto LPO

À l’inverse, quelques espèces voient leur population se renforcer, explique l’enquête. C’est par exemple le cas de la corneille noire ou du pigeon ramier, espèces dites “opportunistes”, qui profitent de l’effondrement d’espèces concurrentes. Pour autant, le nombre d’espèces en déclin demeure largement supérieur à celui des espèces en croissance.

3) Une plainte relance le soupçon autour du scandale de la Dépakine

C’est un témoignage qui pourrait faire l’effet d’une bombe pour le géant Sanofi et relancer l'un des plus grands scandales pharmaceutiques français, celui de la Dépakine. Ce médicament prescrit contre l'épilepsie, interdit depuis 2017 pour les femmes enceintes et en âge de procréer, est accusé d'avoir rendu des milliers d'enfants lourdement handicapés. Comme nous l’avons révélé ces derniers jours sur Vakita, la justice a dans ses mains la plainte d’une mère de famille qui travaille à proximité de l’usine où se fabrique le principe actif de la Dépakine, le valproate de sodium, à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques. 

Maman de deux enfants autistes nés en 2014 et 2016, cette dernière s’est retrouvée avec du valproate de sodium dans l’organisme, selon les résultats d’une analyse de sang, sans jamais avoir pris de sa vie ce médicament… Dans cette plainte, que Vakita a pu consulter, les émissions atmosphériques de l’usine Sanofi sont mises en cause comme étant la cause potentielle d’une contamination in utero. Selon un rapport de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques, l’usine a en effet rejeté entre 13 et 20 tonnes de valproate de sodium par an jusqu’en 2018.  

17 millions

C’est le nombre de litres d’eau en bouteille qui vont être distribués mensuellement à la population de Mayotte. Depuis plusieurs mois, le 101è département français, au cœur de l’océan indien, fait face à une sécheresse exceptionnelle qui prive ses habitants d’eau du robinet presque 4 jours par semaine. Pour répondre à cette crise, les autorités ont décidé d’acheminer des packs d’eau par containers en provenance de la métropole et des îles voisines comme La Réunion ou Maurice.

Cette distribution gratuite doit profiter chaque jour aux 330 000 habitants de l’archipel. Elle représente un défi logistique majeur, que redoute de nombreux défenseurs de l’environnement mahorais. Mayotte va en effet devoir gérer un volume d’emballage plastique sans précédent et collecter 11,6 tonnes de déchets plastiques chaque jour, soit l’équivalent de ce qui est habituellement collecté en trois mois.

Pour éviter qu’une crise du plastique s’ajoute à une crise de l’eau, la préfecture a mis en place un dispositif “1 pour 1” : une bouteille d’eau donnée pour une bouteille récupérée. Mais de nombreuses voix sur place redoutent que les bouteilles plastiques terminent dans les ravines et dans le lagon.

Dans une société où la moindre excuse est bonne pour abattre un arbre, le premier roman futuriste de l’écrivain canadien Michael Christie, Lorsque le dernier arbre, ne paraît pas si dystopique que cela, et pourtant…

L’histoire se passe en 2038. Des vagues épidémiques ont décimé les forêts et une bonne partie de l’humanité. Seuls les plus riches ont la capacité de passer du temps auprès des rares arbres qui peuplent encore notre planète. Une étudiante en quête de repères est chargée de mener ces visites hautement sécurisées. Lorsqu’elle y fait une incroyable découverte…

Ce grand roman américain mêle fresque familiale, crise écologique et lutte des classes avec brio et poésie. Une saga familiale foisonnante, qui mérite d’être lue par le plus grand nombre. Que nous restera-t-il lorsque le dernier arbre sera abattu ? C’est la question que pose cet ouvrage…

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