La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
15 nov. · 5 mn à lire
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Personne n'en parle, et pourtant...

Si vous avez regardé les informations ces derniers jours, vous n'en avez surement pas entendu parler. Tous les regards sont tournés vers la situation au Proche-Orient. Pourtant, une catastrophe humanitaire encore plus grande se produit en ce moment dans la Corne de l'Afrique, avec des millions de personnes qui risquent de mourir de faim.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien. Vous êtes désormais plus de 50 000 à lire cette newsletter hebdomadaire ! Merci pour votre soutien et votre fidélité, je suis heureux que ce long format écrit vous plaise. N’hésitez pas à soutenir cette newsletter, dans la mesure de vos moyens.

Bordeaux, Toulouse, Angoulême, Brive, Strasbourg… J’ai enchaîné les déplacements ces derniers jours pour venir à la rencontre des lecteurs de ma BD Le théorème du vaquita, et je vais continuer !

Si vous êtes dans la région de Nantes ou de Rennes, rendez-vous ce week-end :

  • RENNES, samedi 18 novembre, à 10h30 à l’Espace Ouest France. Conférence gratuite suivie d’une séance de dédicaces, accès dans la limite des places disponibles.

  • NANTES, dimanche 19 novembre, à 17 heures à l’Ensa (6 quai François Mitterand). Conférence gratuite suivie d’une séance de dédicaces, sans réservation.

  • TOULON, mercredi 29 novembre, à 19 heures, au théâtre Liberté. Gratuit et sans inscription.

D’autres dates sont prévues en décembre, notamment Biarritz et Marseille. Le déplacement à Bruxelles, initialement programmé lundi 20 novembre, est décalé à une date ultérieure.

Je vous attends aussi le samedi 6 janvier 2024 au Zénith de Nantes, pour la deuxième édition de mon festival caritatif Ocean Fest, où tous les bénéfices sont reversés à des associations de protection des animaux et de la nature. Avant la musique à partir de 17 heures, j’animerai également une conférence avec Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, plus tôt dans l’après-midi.

En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous !

Hugo

Le conflit au Proche-Orient, et ses ramifications dans notre pays avec une classe politique qui se déchire, focalisent l’attention médiatique. On peut le comprendre.

Mais une autre catastrophe humanitaire, avec encore plus de victimes, passe totalement inaperçue, alors qu’elle se déroule en ce moment. Dans la Corne de l’Afrique, une sécheresse historique tue et met en danger de mort des millions de personnes, dont de très nombreux enfants.

Pour Vakita, Axel Roux est en Somalie pour couvrir la sécheresse historique qui met en danger de mort des millions d'habitants. (photo Vakita)Pour Vakita, Axel Roux est en Somalie pour couvrir la sécheresse historique qui met en danger de mort des millions d'habitants. (photo Vakita)

Alors avec Vakita, nous avons décidé d’envoyer une équipe sur place, en Somalie, pour mettre la lumière sur cette crise sans précédent. Axel Roux et Clément Brelet ont accompagné les humanitaires de l’Unicef et ont découvert ce que nous ne voyons pas aux informations. Leur reportage intégral, en libre accès, est disponible en cliquant ici, et je vous conseille vivement de le regarder.

En Somalie, au Kenya, en Éthiopie et au Soudan du Sud, 23 millions d’habitants sont menacés par le manque de nourriture. Plus de 7 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition et ont besoin d’une aide nutritionnelle d’urgence. Axel et Clément ont rencontré certaines de ces victimes, dans des états très graves. Parmi elles, Sedapsan, âgée de 7 mois, qui pèse 3 kilos et demi, alors qu’elle devrait en faire plus du double.

Sedapsan, 7 mois, pèse la moitié du poids qu'elle devrait faire à son âge. (photo Vakita)Sedapsan, 7 mois, pèse la moitié du poids qu'elle devrait faire à son âge. (photo Vakita)

Sedapsan est prise en charge dans un centre de stabilisation. Elle a été amenée ici in extremis. Quelques heures plus tard, c’était terminé. “On a dû lui transférer du sang pour qu’elle survive”, explique Isse Hassan Abdullahi, médecin à Garowe, en Somalie. Beaucoup d’enfants, éloignés des centres de secours, meurent dans l’indifférence générale. Ici, la moitié des décès liés à la sécheresse a lieu chez des enfants de moins de 5 ans. Dans une maternité de l’hôpital, une mère vient d’accoucher. Avec son nouveau-né dans les bras, elle témoigne : “J’ai déjà perdu un enfant par le passé. On habitait à la campagne, on n’avait rien à manger. Il a vécu cinq jours, il est mort sur place. Il n’a connu que la douleur.”

En Somalie, 2022 a été la cinquième année consécutive sans aucune goutte de pluie dans certaines parties du pays. Et en 2023, les rares précipitations ont été diluviennes et destructrices car elles sont tombées sur des terres asséchées, incapables d’absorber l’eau.

La sécheresse historique tue le bétail, ce qui provoque la famine pour les populations les plus pauvres qui dépendent de leurs troupeaux pour vivre. (photo Vakita)La sécheresse historique tue le bétail, ce qui provoque la famine pour les populations les plus pauvres qui dépendent de leurs troupeaux pour vivre. (photo Vakita)

Les longues périodes sans pluie ont évidemment empêché l’agriculture, mais elles ont surtout tué le bétail, dont dépendent les habitants pour survivre. C’est LA grande différence avec les crises précédentes. Ces populations, très pauvres, ont toujours connu un climat aride et des périodes de sécheresse, mais le changement climatique aggrave ce phénomène et le manque d’eau est tellement important que le bétail meurt, ce qui provoque la famine.

On estime qu’en Somalie 4 millions de personnes, soit environ un quart de la population, a déjà dû quitter son foyer à cause des aléas du climat, de l’insécurité ou du manque de nourriture. Et ces réfugiés climatiques, souvent des nomades et des agriculteurs qui ont perdu leur troupeau, s’entassent désormais dans des camps qui se sont installés près des villes.

Les parcours se ressemblent tous. “Je suis partie car je n’avais plus rien”, souffle une déplacée, épuisée. “J’avais du bétail, mais tous les animaux sont morts. On est venus ici pour sauver nos vies moi et mes enfants”, explique une autre dans sa tente, entourée de ses 3 fils. L’un d’entre-eux s’appelle Maxamuud, il a 10 ans. Pour lui, “le plus difficile, c’est le manque d’eau”. Plus tard, il veut devenir instituteur.

Un camp de réfugiés climatiques, en Somalie. (photo Vakita)Un camp de réfugiés climatiques, en Somalie. (photo Vakita)

Dans ces camps de fortune, on tente d’acheminer une aide d’urgence grâce au travail sans relâche d’ONG et d’agences des Nations Unies, comme l’Unicef. Mais le travail des humanitaires est rendu très compliqué par la situation sécuritaire dans le pays. C’est extrêmement dangereux de travailler sur place, car l’organisation terroriste des Shebabs est très active en Somalie, et les Somaliens en sont les premières victimes. Notre équipe a dû se déplacer avec une escorte armée, et certaines zones restent quasiment inaccessibles.

Dans un centre de soin en Somalie qui traite les enfants gravement malnutris. (photo Vakita)Dans un centre de soin en Somalie qui traite les enfants gravement malnutris. (photo Vakita)

Il y a vraiment urgence à mettre l’éclairage médiatique sur ce qu’il se passe là-bas. Cette sécheresse illustre l’injustice de la crise climatique. Ce sont les habitants les plus pauvres de la planète qui en subissent les pires conséquences, alors que ce sont eux qui émettent le moins de gaz à effet de serre et qui contribuent le moins au changement du climat…

Avec Vakita, nous soutenons l’appel aux dons lancé par l’Unicef pour financer des traitements d’urgence destinés aux enfants en situation de malnutrition aiguë sévère. Vous pouvez cliquer sur le bouton ci-dessous pour participer.

En 48 heures après la diffusion de notre reportage, plus de 50 000 euros ont déjà été récoltés, ce qui a permis de financer 6 250 protocoles d’urgence pour les enfants gravement touchés. Si vous n’avez pas les moyens de donner, vous pouvez quand même agir en partageant cette newsletter ou notre reportage, pour enfin briser le silence sur cette crise sans précédent. Merci !

1 - Les négociateurs de l’UE s’accordent sur une loi capitale pour la restauration de la nature

Après de longues et âpres négociations, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont trouvé un accord sur la loi de restauration de la nature. Un texte fondamental qui doit permettre de préserver la biodiversité et de restaurer au moins 20 % des zones terrestres et maritimes de l’Europe d’ici 2030, puis 60 % d’ici 2040, et enfin 90 % d’ici 2050. Il y a urgence : 80 % des habitats naturels européens sont aujourd’hui dans un état de conservation jugé “mauvais” et 70 % des sols sont considérés en “mauvaise santé”. 

Concrètement, dans les deux ans suivant l’entrée en vigueur de ce texte, chaque État membre de l’UE devra établir un plan de restauration avec des mesures à prendre pour restaurer les écosystèmes dégradés sur son sol. Les pays de l’UE seront aussi tenus d’empêcher toute détérioration significative dans les zones faisant l’objet de mesures de restauration, sauf exception.

Il existe en effet plusieurs dérogations, notamment pour les projets d’énergie renouvelable ou encore les infrastructures militaires. Des concessions ont également été faites au monde agricole qui pourra ne pas respecter les objectifs de restauration en cas de menaces graves sur la sécurité alimentaire. L’accord doit encore être signé par le Parlement européen et les 27 pays de l’UE pour que la loi entre en vigueur.

2 - Bonne nouvelle : la justice suspend le confinement définitif des déchets toxiques de StocaMine

C’est un revers pour les autorités et une victoire pour les associations de défense de l’environnement mobilisées sur ce sujet depuis des années. Le tribunal administratif de Strasbourg a suspendu le stockage illimité de 42 000 tonnes de déchets dangereux sur le site de StocaMine, à Wittelsheim, dans le Haut-Rhin.

Les déchets toxiques devaient être définitivement enfouis en profondeur (photo StocaMine)Les déchets toxiques devaient être définitivement enfouis en profondeur (photo StocaMine)

Décidé par l’État, l’enfouissement de ces déchets toxiques (arsenic, cyanure, mercure, etc.) devait se faire à 500 mètres sous terre. Selon les associations, cet ensevelissement définitif constituerait une menace directe pour la plus grande nappe phréatique d’Europe, située à proximité, en cas d’accident : incendies, tremblement de terre, etc.

“Il y a un doute sérieux sur la légalité de la décision de stockage des déchets pour une durée illimitée”, a expliqué dans son communiqué le tribunal, saisi en référé par l’association de défense de l’environnement Alsace Nature.

Le confinement illimité “est susceptible de méconnaître l’article 1er de la Charte de l’environnement, qui dispose que ‘chacun a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé’”, a également fait valoir le tribunal. Les autorités peuvent encore contester la décision de justice devant le Conseil d’Etat.

3 - Transgourmet arrête de vendre du requin dans les cantines grâce à notre enquête !

Transgourmet, une centrale d’achat qui fournit une soixantaine de collèges et lycées, a décidé de ne plus commercialiser du steak de requin. Cette bonne nouvelle intervient après notre enquête sur les cantines scolaires qui servent du requin aux enfants, menée avec l’Association Ailerons et son président Matthieu Lapinski, dans laquelle nous avions épinglé Transgourmet. L’enseigne vendait en effet à ses clients du steak de requin peau bleue, une espèce “quasi-menacée” dans le monde et “en danger critique d’extinction” en Méditerranée. 

Après notre enquête, la centrale d’achat nous a contacté pour nous annoncer retirer l’espèce de son catalogue et stopper net sa commercialisation. Une première victoire pour Matthieu Lapinski et son association, à l’origine d’une pétition signée par plus de 25  000 personnes demandant la fin de cette aberration.

1 milliard d’euros

C’est le montant promis par Emmanuel Macron pour financer la recherche polaire d’ici 2030. L’annonce a été faite en clôture du premier One Planet - Polar Summit, premier sommet international dédié à la protection des glaciers. Cet argent doit servir notamment à rénover les deux stations scientifiques Dumont-d’Urville et Concordia, situées en Antarctique. Mais aussi à construire un navire d’exploration brise-glace, pour naviguer dans les mers gelées, et permettre la réalisation de nouvelles expéditions scientifiques. 

Le chef de l’État a également annoncé mettre la totalité des glaciers français “sous protection forte”, sans définir toutefois les contours de ce statut. Cette annonce intervient alors que des associations de défense de la montagne demandent la sanctuarisation de ces écosystèmes et l’abandon des projets d'infrastructures qui touchent les glaciers, comme celui de la Girose, dans le massif des Écrins, où un projet de téléphérique cristallise les tensions. 

Petits plats vegans faciles et pâtisserie végétale

Quand on souhaite végétaliser son alimentation, on manque souvent d’idées pour la cuisine de tous les jours. Thomas Loeffler, alias The Chef Tomy (@thecheftomy sur Instagram), issu d’une famille de bouchers et ancien chasseur, a donc créé le livre Petits plats Vegan (éditions Marabout), qu’il aurait aimé trouver quand il a décidé de se passer de protéines animales. Au menu : des recettes salées et sucrées simples, des alternatives végétales au steak haché, et des classiques végétalisés, comme la fameuse sauce bolognaise. Incontournable pour celles et ceux qui souhaitent manger moins de produits animaux.

Pour le dessert, je recommande le bel ouvrage de Pierre Hermé, Pâtisserie végétale (éditions Solar). Éternel explorateur de nouvelles techniques et saveurs, le grand chef pâtissier donne ici ses lettres de noblesse à la pâtisserie sans produits animaux, encore très discrète en France. Babkas, croissants, sablés, glaces… Une démonstration gourmande qui prouve que la grande pâtisserie peut se marier de manière épatante avec le 100% végétal ! 


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