La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
1 nov. · 7 mn à lire
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Il paraît que je suis "totalitaire"...

Ah, le sens des mots ! Il faut avoir le coeur bien accroché pour supporter les débats médiatiques sur les questions environnementales ces jours-ci. "Terroristes", "totalitarisme", "fascistes verts"... Certains politiciens et éditorialistes n'hésitent plus à dire n'importe quoi pour décrédibiliser les combats pour la nature.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien. Peut-être que vous le savez si vous me suivez sur les réseaux sociaux, mais je viens de dévoiler le lieu et la date de la deuxième édition d’Ocean Fest, le festival caritatif que j’ai fondé avec l’artiste Worakls.

Il aura lieu au Zénith de Nantes le 6 janvier 2024. Le concept est simple : des artistes viennent jouer bénévolement et tous les bénéfices du festival sont reversés à des associations de défense de la nature. Pour cette deuxième édition (après Biarritz en mars dernier), les associations bénéficiaires seront : Sea Shepherd France, One Voice, et deux assos locales nantaises, qui se battent pour les rivières : Les amis de l’Erdre et Clean.

Les artistes, essentiellement issus de la musique électro, seront les suivants : Ofenbach, Petit Biscuit, Ibrahim Maalouf, Vladimir Cauchemar, Feder, et des surprises… Pour prendre vos places, il suffit de cliquer ici.

Avant les concerts, qui commenceront à 17h au Zénith, il y aura des conférences, dont une avec le fondateur de Sea Shepherd, le capitaine Paul Watson. Pour réserver votre place, vous pouvez cliquer ici.

J’espère vous y voir nombreux. Sinon, voici les prochaines conférences et dédicaces, organisées dans le cadre de la sortie de ma BD Le théorème du vaquita (d’autres villes sont en cours de calage) :

  • STRASBOURG : ce jeudi 2 novembre, à 18h30 à la cité de la musique et de la danse, dans le cadre des Bibliothèques idéales. Accès gratuit et sans inscription.

  • BRIVE : samedi 11 novembre, 16 heures, Foire du livre. Accès gratuit et sans inscription.

  • RENNES : samedi 18 novembre, 10h30, espace Ouest France. Accès gratuit, inscription obligatoire en cliquant ici.

  • NANTES : dimanche 19 novembre, 17 heures, Ensa Nantes, Climat Libé Tour. Accès gratuit et sans inscription.

  • BRUXELLES : lundi 20 novembre, 18h30, librairie Filigranes. Gratuit, sans inscription.

  • TOULON : mercredi 29 novembre, 19 heures, théâtre Liberté. Gratuit, sans inscription.

  • BIARRITZ : vendredi 15 décembre, 18 heures, médiathèque. Gratuit, sans inscription.

  • MARSEILLE : samedi 16 décembre, friche Belle de Mai (heure et détails à venir)

Enfin, pour info, il n’y aura pas de newsletter la semaine prochaine, car je serai en préparation intensive d’une nouvelle émission pour France 2, dont je vous parlerai prochainement.

En attendant, bonne lecture, et prenez soin de vous.

Hugo

Vous connaissez mon point de vue : je pense qu’il faut parler d’écologie à tout le monde. Cela passe par se rendre dans des médias très différents, qui sont écoutés/regardés par des populations diverses. Si on se contente de France Inter et de France 5, chaînes publiques pour lesquelles j’ai la chance et l’honneur de travailler, on ne touche pas certains publics.

C’est pour cela que je me rends aussi dans des médias comme Europe 1, RMC, Cnews, C8 ou des journaux comme Marianne, L’Express, Le Figaro ou encore Valeurs Actuelles. C’est indispensable pour transmettre le message aux personnes qui ne sont pas forcément sensibles à la question environnementale. Il n’est jamais garanti que cela fonctionne, mais c’est important d’essayer. Sortir de sa bulle est indispensable pour ne pas avoir une vision déformée de la société.

“C’est un totalitarisme vert !”

Dans le cadre de la promotion de ma BD Le théorème du vaquita, je me suis donc rendu dans Les Grandes Gueules, émission populaire diffusée sur RMC. J’ai été très bien reçu par Olivier Truchot et Alain Marshall, les deux présentateurs, dont j’apprécie le franc parler et l’ouverture d’esprit. Les échanges furent plus tendus avec l’une de leur chroniqueuse, Sarah Saldmann, avocate de profession, qui m’a dit ceci :

“Je pense que pour vous l’écologie est devenue une religion. C’est un totalitarisme vert. Des gens qui s’en foutent de l’écologie, il y en a beaucoup, et même des politiques qui m’ont dit en off : ‘Tu as raison, on s’en fout de l’écologie !’ Ces personnes-là, si vous leur parlez en disant : ‘Tais-toi, c’est totalitarisme, censure, on interdit la parole’, vous n’arriverez pas à les convaincre.”

Mon échange avec Sarah Salmann sur le plateau des Grandes Gueules. (capture d'écran RMC)Mon échange avec Sarah Salmann sur le plateau des Grandes Gueules. (capture d'écran RMC)

Ce discours est symptomatique d’une dérive sémantique, qui prend de plus en plus d’ampleur ces dernières semaines. Comme je l’ai expliqué à Sarah Saldmann (vous pouvez voir mon interview en entier en cliquant ici), on ne peut pas utiliser le terme “totalitarisme” à la légère. Un totalitarisme est un système dictatorial, où le contrôle de l’État ne s’exerce pas que dans la sphère politique, mais aussi dans la sphère privée et intime, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie précise. Celles et ceux qui refusent cette soumission sont alors éliminés ou emprisonnés.

Le totalitarisme a pris diverses formes au fil de l’Histoire : l’Allemagne nazie, l’URSS stalinienne ou encore, plus récemment, les talibans d’Afghanistan ou le régime communiste de Corée du Nord.

On peut penser ce qu’on veut des militants écologistes, y compris des mouvements radicaux qui prônent une certaine forme d’action violente, mais il est absurde de les qualifier de “totalitaires”. À cela, Sarah Saldmann m’a rétorqué : “Et les militants qui se collent les mains, c’est quoi ?”

Elle faisait référence aux activistes qui collent leurs mains à des routes ou des terrains de sport, pour attirer l’attention médiatique et alerter sur la catastrophe écologique en cours. Je pense que ces modes d’action ne sont pas efficaces, et parfois même contreproductifs, mais les qualifier de “totalitaires” est une erreur factuelle et une grave faute morale.

La banalisation du terme “terroriste”

Sarah Saldmann n’est pas la seule à opérer ce dangereux glissement sémantique, sans se rendre compte de ses conséquences désastreuses. Récemment le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a qualifié les activistes radicaux anti-bassines “d’éco-terroristes”.

Un terme repris ces derniers jours par plusieurs députés de LREM et du RN, pour désigner les militants opposés à l’A69 entre Toulouse et Castres. Bernard Carayon, le maire de Lavaur dans le Tarn, a lui utilisé le terme de “fascistes verts”.

Soyons clairs : je suis fermement opposé aux méthodes d’actions violentes, y compris quand il s’agit de défendre la nature. À mon sens, dans une démocratie comme la France, rien ne justifie de s’en prendre physiquement à des personnes, notamment aux gendarmes et aux policiers. Il est inacceptable de jeter des projectiles sur les CRS, quelle que soit la situation. D’autant plus que les forces de l’ordre ne font qu’appliquer les consignes venues d’en haut, et que les responsables de ces situations sont en général bien au chaud dans leurs bureaux.

Les scènes d’émeutes très violentes que l’on a pu voir à Sainte-Soline ont desservi la cause, et ont donné du grain à moudre aux médias et aux défenseurs de l’agro-industrie.

Pour autant, qualifier les activistes radicaux de “terroristes” est un non-sens. On peut utiliser le terme “délinquants”, car ils enfreignent la loi, mais certainement pas le mot “terroriste”. Un terroriste, c’est l’islamiste radical qui massacre des civils au Bataclan, à Charlie Hebdo, dans les kiboutz israéliens, ou c’est le raciste armé qui exécute des gays dans une boîte de nuit aux États-Unis, des musulmans dans une mosquée en Nouvelle-Zélande ou des dizaines de jeunes militants politiques en Norvège.

Une personne qui dégrade un camion dans une cimenterie le long du tracé de l’A69, ou qui jette des projectiles sur les policiers, n’est pas un terroriste. Pas plus qu’un agriculteur de la FNSEA qui abîme une préfecture ou qui déverse du fumier sur la voie publique (mais bizarrement, eux, aucun élu ne les qualifie de “terroristes”).

L’importance de hiérarchiser et de choisir les bons mots

Il faut savoir hiérarchiser la gravité des actes, et cela passe par choisir les bons termes. Car quand on commence à vider les mots de leur substance et à tout mélanger, on en arrive à perdre complètement sa boussole.

Voici ce qu’écrit le média local Le Journal d’Ici, propriété du groupe pharmaceutique Pierre Fabre, très favorable à l’A69 : “De même que les Palestiniens sont d’abord victimes du Hamas, le désenclavement du bassin Castres-Mazamet est devenu l’otage des écoterroristes.”

Je ne sais pas si on se rend compte de la gravité de ces propos. Faire un parallèle entre le Hamas, groupe terroriste qui massacre des bébés, et des activistes radicaux qui font brûler un camion vide, est ignoble. On doit pouvoir condamner des actes violents, débattre (même de manière virulente) et s’opposer sans tomber dans ce type de dérives, qui ouvrent la porte à une montée de l’extrémisme.

Respectons les victimes du terrorisme !

Aujourd’hui, en France, il n’y a pas “d’éco-terrorisme”. Il y a des groupes violents, mais pas de groupes terroristes “écolos”. J’espère que cela n’arrivera jamais, mais si tel était le cas, quelle carte restera-t-il pour qualifier ces crimes ? Si dégrader une cimenterie est du terrorisme, et non de la délinquance, que dira-t-on si, un jour, un groupe armé assassine des gens au nom de l’écologie ? Quelle marge sémantique nous restera-t-il, puisque que les termes les plus graves auront été dévoyés par des politiciens irresponsables ?

Je me mets à la place d’un survivant du Bataclan, ou d’un proche d’une victime, qui ont vécu le terrorisme dans leur chair et qui entendent à longueur de journée le terme “terroriste” utiliser à la légère pour qualifier des gens qui n’en sont pas. Que cela doit être difficile et insupportable.

Il est vraiment temps de se reprendre, de retrouver une modération dans notre manière de débattre, et de conserver une hiérarchie entre des actes, certes contestables, et des crimes abominables.

1 - La vie sur terre “est en état de siège”, alerte une coalition de chercheurs

C’est le cri d’alarme d’une coalition internationale de scientifiques dans une étude parue fin octobre dans la revue BioScience. Les chercheurs ont analysé les catastrophes naturelles survenues dans le monde en 2023 et en arrivent à la conclusion suivante : le scénario d’un “effondrement global de nos sociétés est désormais plausible et dangereusement sous-estimé.” 

Selon ces scientifiques, cela fait des décennies que les études nous alertent sur ces risques, mais aujourd’hui, “le temps est écoulé”. “En vérité, nous sommes choqués par la férocité des phénomènes météorologiques extrêmes en 2023. Nous sommes entrés dans un territoire inconnu qui nous effraie”, écrivent-ils. “Une situation dont personne n’a jamais été témoin dans l’histoire de l'humanité”, selon ces derniers. Pour s’adapter au mieux à ce scénario, le collectif de chercheurs appelle à mettre en place immédiatement une “transformation globale de notre économie.”

2 - Bonne nouvelle : la justice suspend l’abattage des requins-tigres et bouledogues à Nouméa

Le tribunal administratif de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, a annoncé suspendre les opérations d'abattage de requins-tigres et requins bouledogues dans les eaux autour de la capitale de l’archipel. Et ce, au moins jusqu’à la fin de l’année. “Une immense satisfaction”, pour Martine Cornaille, présidente de l’association Ensemble pour la planète, à l’origine de l’action en justice ayant conduit à cette décision.

Un requin bouledogue, avec des plongeurs. (photo Wikipédia)Un requin bouledogue, avec des plongeurs. (photo Wikipédia)

Ces opérations d’abattage avaient été prises par la municipalité de Nouméa après plusieurs attaques de requins, dont une mortelle, survenues en début d’année. Pour autant, dans son ordonnance, la justice a relevé “l’absence d’étude scientifique précise” pour justifier ces mises à mort. Une lacune qui crée un “doute sérieux quant à la légalité” de ces campagnes, qui ont également décimé d’autres espèces de requins que celles ciblées par les hameçons. Entre janvier et août, 200 requins-citrons, gris, nourrices, marteaux, pointes noires ou barracudas ont ainsi été capturés accidentellement. De son côté, la mairie de Nouméa a déclaré qu’elle allait se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État.

3 - Le Mexique panse ses plaies après un ouragan dévastateur et meurtrier

Une semaine après le passage de l’Ouragan Otis qui a dévasté la côte Pacifique au Mexique, le pays mesure encore l’ampleur du désastre humain et matériel. Selon le dernier bilan provisoire des autorités, au moins 48 personnes sont mortes à Acapulco et dans ses alentours et 6 sont toujours portées disparues. Un décompte rendu compliqué par les ravages à terre qui ont entraîné la coupure de l’électricité et des moyens de télécommunication lors des premiers jours de la catastrophe.

De force 5, soit maximale, Otis a touché les terres mexicaines avec des vents atteignant les 270 kilomètres à l’heure. Selon le gouvernement fédéral, plus de 273 000 habitations et des centaines d’hôtels ont subi des dégâts, et 12 autoroutes et routes restaient encore bloquées en ce début de semaine. Une situation qui complique l’acheminement de l’aide humanitaire, dont les premières distributions ont été assurées vendredi dernier, après la réouverture de l’aéroport.

364 millions

C’est le nombre d’abonnés sur Instagram de Kim Kardashian, qui a diffusé samedi dernier un spot publicitaire avec en toile de fond le changement climatique. “La température de la Terre est de plus en plus élevée, les mers montent, les calottes rétrécissent”, explique la star planétaire dans une combinaison ultra-moulante, avant de faire la réclame de son nouveau soutien-gorge avec téton intégré… “pour que, peu importe la chaleur, vous ayez toujours l'air d'avoir froid.” 

D'après Kim Kardashian, 10% du produit des ventes de ses “nipple bras” seront reversés au 1% for the planet, collectif d’entreprises et d’associations qui financent des projets vertueux pour la planète. Une initiative qui peut faire sourire quand on sait que le mode de vie de l’influenceuse est aux antipodes complets du message écologiste. Kim K., c’est en effet 4 268 tonnes de CO2 rejetés avec ses voyages en jet privé en seulement un an, selon le décompte du magazine Yard, ou encore près d’un million de litres d’eau utilisés pour l'entretien de sa résidence de Californie, d’après le Los Angeles Times.

Orages, inondations : sommes-nous prêts ?

Dans le prochain numéro de mon émission Sur le front, diffusé lundi 6 novembre à 21 heures sur France 5, je vous révèle les failles de nos prévisions météos. Car vous l’avez peut-être déjà remarqué, lors d’orages violents, les vigilances rouges sont parfois déclenchées à la fin des phénomènes, et non pas avant.

En enquêtant sur les alertes météos, je suis tombé des nues : alors que les tempêtes sont de plus en plus difficiles à anticiper, Météo-France a fermé plus de deux tiers de ses centres de surveillance en dix ans ! Les effectifs ont aussi drastiquement été réduits… 

Les inondations sont également de plus en plus impressionnantes, aggravées par le changement climatique et la bétonisation du territoire. J’ai notamment été particulièrement marqué par la catastrophe de la vallée de la Vésubie en 2020. Trois ans après, je suis retourné sur place pour savoir si nous avions appris de nos erreurs.

Orages, inondations : sommes-nous prêts ? Sur le front, lundi 06 novembre sur France 5, 21 h 05.Orages, inondations : sommes-nous prêts ? Sur le front, lundi 06 novembre sur France 5, 21 h 05.

Dans ce nouveau numéro, vous découvrirez aussi que l'on continue, contre tout bon sens, de construire dans des zones inondables. Un constat inquiétant quand on sait qu’un Français sur quatre est aujourd’hui menacé par les inondations.

Je vous montrerai également les images extrêmement impressionnantes des laves torrentielles, ces coulées de boue solide qui dévalent les pentes à cause d’orages très localisés en montagne. Les scientifiques se penchent sur ce phénomène pour adapter les ponts et les barrages et éviter des catastrophes. Il faut absolument adapter nos systèmes d’alertes, nos constructions et nos aménagements urbains pour limiter les dégâts à l'avenir.


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