La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
22 mai · 5 mn à lire
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Ce mail ne va pas plaire à monsieur Copé

Le maire de Meaux, Jean-François Copé, pensait que cela passerait inaperçu. Manque de bol pour lui, l'information a finalement fuité : il a fait abattre 70 oies sauvages en pleine période de reproduction des oiseaux, dans une zone naturelle sensible. Je vous raconte tout dans cette newsletter.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien. La semaine dernière, dans ma newsletter où je défendais la grève de la tondeuse, je vous proposais de me faire parvenir les photos de vos jardins non tondus.

Vous avez été trèèèèès nombreuses et nombreux à m’envoyer des clichés. J’en partage quelques-uns ci dessous. Merci infiniment pour vos mails, cela fait chaud au coeur de savoir qu’autant de jardins sont devenus des refuges de biodiversité. Vive la tonte différenciée !

Le magnifique jardin de Magali, en Bourgogne, avec quelques chemins tondus pour pouvoir circuler. Le magnifique jardin de Magali, en Bourgogne, avec quelques chemins tondus pour pouvoir circuler.

Le avant/après du jardin de Cindy, dans les Landes, où une tonte différenciée a été mise en place. Le avant/après du jardin de Cindy, dans les Landes, où une tonte différenciée a été mise en place.

Le terrain de la chambre d'hôte "La Colline aux Licornes", en Charente. Très bel exemple de tonte différenciée ! Le terrain de la chambre d'hôte "La Colline aux Licornes", en Charente. Très bel exemple de tonte différenciée !

Le jardin "mi-sauvage" de Maxime, à Bailleul, dans le Nord. "Plus beau, plus vert, plus varié", selon le propriétaire.Le jardin "mi-sauvage" de Maxime, à Bailleul, dans le Nord. "Plus beau, plus vert, plus varié", selon le propriétaire.

Les butineurs se régalent dans le terrain non tondu d'Aurélie. Les butineurs se régalent dans le terrain non tondu d'Aurélie.

Que c’est beau et que ça fait du bien !

Bonne lecture et prenez soin de vous.

Hugo

Jean-François Copé avait tout organisé pour que ni la presse ni les habitants ne soient au courant. Ce jeudi 4 avril, à l’aube, sans avertir personne, le maire de Meaux a envoyé des chasseurs dans le parc du Pâtis, situé dans sa commune. Il leur a fixé une mission : massacrer les oies bernaches du Canada qui se trouvaient sur les étangs.

Une bernache du Canada victime de la battue décidée par Jean-François Copé. (photo Laura Bourven, La Marne)Une bernache du Canada victime de la battue décidée par Jean-François Copé. (photo Laura Bourven, La Marne)

Les innombrables coups de fusils ont réveillé les riverains, qui ont assisté éberlués à “une scène de guerre”, selon certains témoignages. Au total, en trois heures, entre 50 et 70 oies ont été tuées, et les chasseurs ont même utilisé un jet-ski pour aller récupérer les cadavres. Ce n’est qu’à l’issue de cette battue que la ville de Meaux a informé la population sur sa page Facebook. L’information a été finalement mise en lumière par le Canard Enchaîné la semaine dernière, plus d’un mois après le carnage, qui était jusqu’à présent resté très discret.

J’ai relayé cette situation sur mes réseaux sociaux, provoquant la colère de Jean-François Copé, qui a échangé au téléphone avec Axel Roux, le rédacteur en chef de Vakita. Le maire a jugé “scandaleux” que je parle de cette élimination des oies, estimant “avoir fait les choses dans les règles de l’art”. Il ne va donc probablement pas apprécier cette newsletter… mais peu importe !

Des bernaches du Canada. (photo LPO, A. Bloquet)Des bernaches du Canada. (photo LPO, A. Bloquet)

La bernache du Canada est une espèce d’oie originaire d’Amérique du Nord, considérée en France comme une “espèce exotique envahissante”. La population européenne est estimée à 220 000 individus selon la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). En France, le nombre de bernaches est en augmentation ces dernières années et elles sont désormais présentes à peu près partout dans le pays.

Même si l’impact de cette espèce sur la biodiversité locale n’est pas énorme, elle peut poser problème par endroit et concurrencer des animaux autochtones. Il n’est donc pas délirant de vouloir réguler ces animaux. Sauf que la méthode utilisée par Jean-François Copé est plus que contestable.

D’abord, il existe d’autres moyens de régulation que le massacre massif à l’arme à feu. Pour limiter la présence des bernaches, il est possible de les effaroucher en hiver, mais aussi de rendre leurs oeufs stériles en les secouant. Selon l’Office français de la biodiversité, la première chose à faire est de ne pas les nourrir et d’informer la population en ce sens. Or, dans l’article du Canard Enchaîné, un riverain explique que “la veille” du massacre, “les gens nourrissaient encore” les oies, “comme ça se fait depuis dix ans”.

Le parc du Pâtis et ses étangs, une zone fragile, protégée et riche en biodiversité. Le parc du Pâtis et ses étangs, une zone fragile, protégée et riche en biodiversité.

Au-delà du choix de faire parler les fusils, c’est surtout la date de la battue décidée par Jean-François Copé qui pose question. En effet, en avril, les oiseaux sont en pleine période de reproduction et de nidification. Ils ont besoin de calme. S’ils sont trop dérangés, cela peut les empêcher de se reproduire ou de construire leurs nids. Et il se trouve que le parc du Pâtis, où a eu lieu le massacre, est une zone naturelle sensible, en partie classée Natura 2000 et qui abrite 91 espèces d’oiseaux protégés, selon le Canard Enchaîné. Autant d’animaux fragiles qui ont dû subir les détonations pendant trois heures. Je vous laisse imaginer l’impact, en terme de stress et de perturbations, d’une myriade de coups de feu...

Pour couronner le tout, la mairie de Meaux a assuré que cette élimination des bernaches était faite à la demande de la préfecture de Seine-et-Marne. Sauf que la-dite préfecture indique, au contraire, que l’arrêté autorisant la battue a été pris à la demande de la mairie de Meaux. Bref, Jean-François Copé et son équipe ne semblent pas vouloir assumer la responsabilité de cette opération, qui n’était pas censée s’ébruiter au-delà du territoire de la commune.

Le maire LR de Meaux, Jean-François Copé. Le maire LR de Meaux, Jean-François Copé.

La Ville se défend en expliquant qu’il y avait urgence à tuer les bernaches, pour limiter les risques de “pollution des sols et des cours d’eau par leurs fientes” et éviter des “impacts sur la qualité de vie des concitoyens”. Une “urgence” dont on peut douter, quand on sait que les bernaches étaient présentes depuis des années, sans poser de problème majeur. “Il n’y avait aucune raison de lancer cette opération à la hâte en pleine période de nidification”, abonde Frédéric Malher, ornithologue, membre de la LPO.

Et puis, quand on connait l’ampleur des pollutions urbaines et industrielles auxquelles sont exposés les sols, l’air et les plans d’eau en Île-de-France, les arguments de la mairie de Meaux peuvent faire sourire. Les bernaches ont bon dos…

1 - La Belgique inscrit le bien-être animal dans sa Constitution ! 

Le Parlement fédéral belge a adopté début mai l’inscription du “bien-être animal” dans sa Constitution. Un paragraphe, ajouté à l’article 7 bis consacré à la politique générale du royaume, précise désormais que “dans l’exercice de leurs compétences respectives, l’État fédéral, les communautés et les régions veillent à la protection et au bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles.” Ce vote historique permet aussi de reconnaître la sensibilité des animaux et de ne plus les considérer comme des “biens” mais comme “des êtres sensibles”. 

“Il y a 30 ans à peine, une telle avancée était tout simplement impensable. Aujourd’hui, le bien-être animal devient une valeur constitutionnelle à part entière, rejoignant ainsi d’autres principes fondamentaux”, s’est félicité Michel Vandenbosch, président de l’association de défense des animaux GAIA. Avec cette décision, la Belgique envoie un message fort aux pays membres de l’Union européenne. En France, 7 personnes sur 10 se disent favorables à une création, dans le Code civil, d’un statut de “personne animale”, selon un sondage Ifop pour la Fondation 30 millions d’amis.

2 - Le nouveau navire chasseur de baleines lance sa campagne de chasse 

Le nouveau bateau baleinier Kangei-Maru est entré en activité ce mardi pour une campagne de chasse à la baleine de huit mois au large du Japon. Mesurant 113 mètres de long et pesant près de 10 000 tonnes, ce navire-usine géant peut conditionner et stocker 600 tonnes de viande à son bord. À l'aide d'une flottille de navires harponneurs, il prévoit de tuer 200 baleines d’ici la fin de l’année.


Avec cette nouvelle campagne de chasse, le Japon veut porter sa consommation de viande de baleine de 2 000 tonnes à 5 000 tonnes par an. Pour atteindre ce niveau, le bateau amiral risque d'élargir sa zone de chasse à l'océan Antarctique, où se trouvent des sanctuaires de baleines, selon les associations de défense de l’océan, dont Sea Shepherd France. Le Japon est l’un des trois derniers pays à traquer les cétacés, avec la Norvège et l’Islande. 

Pour rappel, la chasse à la baleine est illégale au niveau international depuis 1986, mais le Japon n’a jamais respecté cette réglementation. Pour vous opposer à ce massacre, vous pouvez soutenir la fondation du capitaine Paul Watson, qui a déjà annoncé son intention de reprendre prochainement ses campagnes en haute mer contre les baleiniers japonais et islandais.

3 - La justice suspend le déterrage des blaireaux dans le Cher et l’Aveyron

Victoire pour la faune sauvage ! La justice vient de suspendre les arrêtés autorisant la période complémentaire de déterrage des blaireaux dans le Cher et l’Aveyron, a annoncé mardi l’association One Voice.

Chaque année, à cette période, près de 200 blaireaux sont extirpés de leurs terriers et mis à mort par les chasseurs dans chacun de ces départements. Mais, cette fois, les tribunaux administratifs ont considéré que des bébés blaireaux étaient présents dans les terriers au printemps et que le déterrage les mettait en danger, alors même que la loi les protège.

Des audiences sont prévues dans d’autres départements dans les prochains jours, comme à Rennes ou à Rouen. Les associations de défense des animaux dont One Voice, la LPO, l’ASPAS ou Aves France, espèrent obtenir de nouvelles suspension en urgence de ces autorisations préfectorales. Au-delà des décisions dans le Cher et l’Aveyron, elles ont déjà remporté de nombreuses victoires partout en France.

“Adopter chaque année, inlassablement, des arrêtés que tout le monde sait illégaux, ça suffit ! Il est grand temps que les autorités, au lieu de prendre systématiquement le parti des chasseurs, se rangent enfin du côté de l’intérêt général, de la loi… et des animaux”, explique One Voice dans un communiqué.

Pour agir, je vous invite à soutenir financièrement les associations citées ici, afin de les aider dans leurs actions en justice. Vous pouvez aussi participer aux consultations publiques encore en cours pour dire votre opposition au déterrage, comme je vous l’expliquais dans ma newsletter récemment, ou signer la pétition pour interdire le déterrage et exiger la protection des blaireaux.

426 ppm

C’est le nouveau record de concentration de CO2 dans l’atmosphère : 426 ppm (parties par million). Il a été enregistré en mars dernier par le centre de recherche de Mauna Loa, à Hawaï, qui étudie depuis 1958 la concentration du dioxyde de carbone dans l'atmosphère, et qui fait figure de référence mondiale en la matière. Cette concentration de CO2 dans l’atmosphère n’avait jamais été atteinte. Selon les chercheurs, c’est même du jamais-vu depuis des millions d’années !

(Mauna Loa Observatory)(Mauna Loa Observatory)

Les scientifiques expliquent dans leur analyse que la concentration de CO2 dans l'atmosphère augmente plus rapidement que d’habitude. La mesure fait même un bond record par rapport à celles réalisées les années précédentes à la même période.

Ce nouveau cap franchi est principalement lié aux émissions de CO2 produites par les combustibles fossiles, utilisés dans l’industrie et les transports. L’accumulation dans l'atmosphère de dioxyde de carbone d’origine humaine accentue l’effet de serre, à l’origine du changement climatique et des catastrophes qui en découlent.

Des fous rires et de l’écologie, en accès libre sur YouTube !

J’ai récemment participé à l’émission Y’a plus de saisons !, animée par l’humoriste Swann Périssé sur YouTube. Le concept est simple et très efficace : un invité lié à l’écologie (moi, en l’occurence), qui se fait vanner par Swann, et des échanges qui mêlent fou rire, émotion, débat et information.

C’est franchement très drôle (autant à faire qu’à regarder) et ça change des formats habituels sur les sujets environnementaux, qui peuvent parfois être ennuyeux, voire déprimants.

Pour regarder l’épisode auquel j’ai participé, qui dure une heure, vous pouvez cliquer ici. C’est gratuit et en accès libre. Je suis curieux d’avoir votre avis sur ce format, n’hésitez pas à me le donner en retour de mail. Bon visionnage !

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