La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
15 mai · 5 mn à lire
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Vous avez un jardin ? Lisez ça !

Au mois de mai, il y a UNE chose très simple à mettre en oeuvre pour aider la vie sauvage : rangez vos tondeuses à gazon ! En laissant les plantes pousser et fleurir, vous aiderez les insectes et les oiseaux, et vous rendrez votre jardin plus résistant face aux chaudes journées d'été. Je vous explique tout dans cette newsletter.

Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.

Vous avez encore une fois été très nombreuses et nombreux devant Sur le front lundi soir sur France 5. L’émission réalise sa meilleure moyenne historique, avec un million de téléspectateurs par épisode depuis le début de la saison. Merci pour votre fidélité ! Ça fait tellement plaisir de voir qu’une émission d’enquête sur l’environnement touche un public aussi large. On va continuer à aller sur le terrain pour vous informer.

Si vous avez raté notre enquête explosive sur les dégâts du tourisme de masse, vous pouvez la regarder gratuitement en replay en cliquant ici.

J’espère que cette émission vous aidera à choisir vos prochaines destinations de vacances et à éviter certaines erreurs dommageables pour la nature.

En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous !

Hugo

Quand on parle de “sobriété”, ce n’est pas toujours facile à mettre en oeuvre. Réduire l’usage de la voiture, pour certains, c’est très difficile, voire impossible, quand on dépend de son véhicule pour aller travailler par exemple. Faire isoler sa maison, c’est souvent très coûteux. Renoncer à partir en vacances loin de chez soi, pour certains, c’est un sacrifice inenvisageable.

Bref, la sobriété peut parfois paraître inaccessible. Mais il y a une chose qu’on peut décider de faire aujourd’hui, tout de suite, qui ne coûte rien, qui ne change pas notre vie, et qui a un impact positif sur l’environnement. Je parle de la tonte ! De l’herbe bien sûr, pas des moutons.

En mai, laissez la tondeuse au garage !

Que ce soit sur des terre-pleins, des bords de route, des parcs ou des ronds-points, on a tous vu ces employés communaux, en combinaison, en train de couper les herbes folles avec leur machine pétaradante. Je l’ai encore constaté à côté de chez moi sur la côte basque ces derniers jours.

Pourtant, cela ne sert à rien. Ça coûte de l’argent, ça utilise du pétrole, ça fait un boucan d’enfer, et surtout, c’est très mauvais pour la biodiversité. Car les herbes folles, qui poussent spontanément et que beaucoup de gens considèrent encore comme “sales”, sont un habitat et une réserve de nourriture pour les animaux, qu’il s’agisse des insectes, des oiseaux ou des petits mammifères.

Il y a infiniment plus de vie dans un espace recouvert de plantes et de fleurs sauvages que sur une pelouse coupée à ras. Évidemment, cela vaut aussi pour nos jardins.

Certains peuvent trouver qu’une pelouse parfaitement tondue est plus esthétique qu’un terrain où poussent les plantes sauvages (ce n’est pas mon avis), mais d’un point de vue scientifique, il n’y a QUE des avantages à ranger la tondeuse au garage, surtout au printemps.

Le mouvement “No Mow May” (“pas de tonte en mai”) né en Grande-Bretagne en 2019 est en train de prendre de l’ampleur en France et je vous invite à y participer. En effet, le mois de mai est une période propice pour la croissance et la floraison des plantes sauvages, mais aussi pour la faune, dont les insectes et les oiseaux (qui font leurs nids à cette période).

Quand on sait que les populations d’insectes volants ont décliné de 80 % en Europe ces trente dernières années, il y a urgence à ne pas détruire l’habitat de ces petites bestioles qui sont à la base de la chaîne alimentaire.

Laissez une partie de votre jardin pousser librement !

Que les choses soient claires : il ne s’agit pas de transformer tout son jardin en jungle luxuriante. C’est normal de vouloir y accéder facilement et d’en profiter pour installer une table, des chaises, des transats…

Mais faites le test, si vous avez la chance d’avoir un peu de terrain : laissez au moins une partie pousser librement, sans la tondre, et vous verrez la différence très rapidement : davantage de papillons, d’abeilles, de coccinelles qui luttent contre les ravageurs, ou encore d’oiseaux qui viennent casser la croûte ou chercher des brindilles pour faire leur nid… Vous pourrez tracer quelques cheminements au milieu des herbes folles, pour pouvoir vous y promener et vous émerveiller du résultat. On appelle cela la “tonte différenciée”.

Un exemple de tonte différenciée, qui permet de laisser des zones pousser librement, tout en pouvant circuler.Un exemple de tonte différenciée, qui permet de laisser des zones pousser librement, tout en pouvant circuler.

Une expérience a été menée en 2020 au King’s College de Londres, où une section de pelouse n’a pas été tondue, contrairement à d’habitude. Les résultats ont été spectaculaires puisque trois fois plus d’espèces de plantes, d’insectes et d’araignées ont été recensées dans l’espace non tondu. Même des chauves-souris y ont trouvé leur compte !

“Nous avons constaté que la zone non tondue était extrêmement bénéfique pour la biodiversité, explique la docteur Cicely Marshall, spécialiste des plantes à l’université de Cambridge. J’ai été vraiment surprise par l’ampleur du changement dans une si petite zone.”

Autre avantage : les herbes hautes permettent de diminuer la température du sol et de le protéger de la sécheresse, en préservant l’humidité qui s’y trouve. Une pelouse coupée à ras n’aura pas le temps de développer son système racinaire et deviendra rapidement jaune en cas de canicule, alors qu’un terrain en libre évolution sera beaucoup plus résistant et résilient. Les profondes racines des plantes sauvages permettent également à l’eau de mieux s’infiltrer dans le sol. En prévision des chaudes journées d’été, c’est plutôt utile…

Ne taillez pas vos haies entre mars et septembre, pour protéger les oiseaux

Au-delà du mois de mai, il est conseillé de ne jamais tondre son gazon à ras, et de laisser au moins 7 centimètres de végétation toute l’année, en laissant certaines zones pousser librement.

De même, évitez de tailler vos haies entre mars et septembre, pour ne pas déranger les oiseaux qui viendraient y faire leurs nids et augmenter l’ombre au sol. Quant à ceux qui s’inquiéteraient d’une éventuelle prolifération des moustiques, sachez que la tonte ou la taille ne permettent pas de réduire leur présence, contrairement à l’élimination des eaux stagnantes, dans le fond des pots de fleurs par exemple.

Alors on pourrait penser que tout cela est anecdotique par rapport aux défis de préservation de la biodiversité. Mais pas du tout ! Car si on met bout à bout tous les jardins des particuliers et tous les espaces verts des communes de France, cela représente une surface immense. L’enjeu est donc gigantesque.

Ces espaces non tondus permettent à la faune sauvage de respirer un peu, loin du béton et loin des pesticides utilisés dans les zones agricoles… En plus, observer toute cette vie dans son jardin ou dans le parc de sa ville, c’est beau, ça fait du bien et c’est gratuit. On s’y met ?

Si vous avez un jardin non tondu, n’hésitez pas à m’envoyer des photos en retour de mail, je les relaierai dans la prochaine newsletter pour montrer à quel point c’est beau !

1 - Ce mois d’avril a été le plus chaud jamais enregistré

Le mois d'avril 2024 a battu un nouveau record mensuel de chaleur avec une température moyenne de 15,03 °C, selon le dernier bilan de l'observatoire européen Copernicus. Soit 1,58 °C plus élevé qu'un mois d'avril normal. Et il ne s’agit pas d’une exception : depuis le mois de juin l'an dernier, tous les mois ont battu leur propre record mensuel de chaleur.

Le mois d'avril 2024 a battu un nouveau record mensuel de chaleur. (image observatoire Copernicus)Le mois d'avril 2024 a battu un nouveau record mensuel de chaleur. (image observatoire Copernicus)

Cette série de pics intervient alors que les scientifiques notent que le phénomène climatique naturel El Niño s’affaiblit, laissant entrevoir un possible répit plus tard dans l'année, sans pour autant changer la tendance de fond, alimentée par la combustion massive de pétrole, de charbon et de gaz fossile.

Fin mars, l'ONU a d’ores et déjà averti qu'il existe une “probabilité élevée” que 2024 pulvérisent des records de températures, alors que 2023 vient de conclure une décennie de chaleur record, poussant la planète “au bord du gouffre”.

2 - Les salons du chiot épinglés par une enquête en infiltration

Pendant un an, la Fondation Brigitte Bardot a enquêté dans des salons du chiot partout en France pour vérifier s’ils respectaient bien la loi en matière de ventes d’animaux de compagnie. L’association a filmé en caméra cachée de nombreuses “pratiques irresponsables” qui poussent les visiteurs à faire des achats compulsifs, sans se soucier du bien-être animal.

On entend notamment un vendeur expliquer que les carlins peuvent “vivre entièrement dehors, même en hiver”, pour inciter une cliente à acheter un chiot de cette race.

La Fondation Brigitte Bardot a enquêté pendant un an dans des salons du chiot en France. (image Vakita)La Fondation Brigitte Bardot a enquêté pendant un an dans des salons du chiot en France. (image Vakita)

Cette enquête montre également comment des vendeurs contournent la loi, en proposant par exemple aux acheteurs de falsifier un document officiel à remplir 7 jours avant l’acquisition d’un animal domestique. Ce délai de réflexion est normalement imposé à l’acheteur pour lui éviter d’acquérir un animal sous le coup de l’émotion, et donc limiter les risques d’abandon. Vous pouvez regarder cette enquête en exclusivité sur Vakita.fr.

Depuis le début de l'année, la vente de chats et de chiens est interdite en animalerie, mais reste toujours possible dans les salons et les foires. Pour faire changer cela, le député LR de Belfort Ian Boucard a déposé une proposition de loi visant à interdire la vente d’animaux domestiques dans ces endroits qui échappent encore à la loi. 

3 - Une lynx victime de braconnage retrouve la vie sauvage dans le Jura

Après 15 mois de convalescence, Evalude, une jeune lynx victime de braconnage, a retrouvé la liberté grâce au travail acharné du Centre Athénas. Evalude avait été retrouvée par l’association de sauvegarde de la faune sauvage le 14 février 2023, la patte éclatée par un impact de balle, dans le massif du Jura. Gravement blessée, elle était incapable de chasser pour survivre et était vouée à une mort certaine. 

Evalude a été relâchée le 6 mai dans le massif du Jura. (image Vakita)Evalude a été relâchée le 6 mai dans le massif du Jura. (image Vakita)

Recueillie par Gilles Moyne et ses équipes, elle a été prise en charge et soignée. Aujourd'hui, elle est tirée d'affaire et a pu retrouver la vie sauvage. Evalude a été relâchée le 6 mai dans la forêt jurassienne. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour cette espèce, en danger d'extinction en France, puisqu’il ne reste plus que 150 lynx adultes dans notre pays. Les équipes de Vakita étaient sur place pour filmer ce moment exceptionnel et plein d’espoir. Ce reportage, qui fait du bien au moral, est à retrouver ici

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C’est le nombre de personnes mortes à cause des inondations qui ont ravagé le sud du Brésil, selon un bilan encore provisoire. Localisées dans la région agricole de Rio Grande do Sul, ces pluies torrentielles ont été d’une violence extrême. Plus de 600 000 personnes ont déjà été forcées de quitter leur foyer à cause de la montée des eaux engendrée par les intempéries, que les experts attribuent au changement climatique, combiné au phénomène El Niño.

Les inondations dans le sud du Brésil ont causé des dégâts considérables. (photo Diego Vara)Les inondations dans le sud du Brésil ont causé des dégâts considérables. (photo Diego Vara)

À l’heure où j’écris ces lignes, la décrue n’est pas encore arrivée. “La situation va continuer à s'aggraver”, a prévenu sur X (ex Twitter) le gouverneur du Rio Grande do Sul, Eduardo Leite. Selon l'Institut national de météorologie, il existe un “risque élevé d'inondations majeures et de débordements de rivières, ainsi que d'importants glissements de terrain” dans le nord-est de l'Etat.

À ce jour, près de 100 000 habitations ont été endommagées ou détruites et les dégâts économiques atteignent environ 842 millions d’euros, selon la Confédération nationale des municipalités, citée par l’AFP. Plus le changement climatique s’aggravera, plus ce genre de catastrophes se produira. D’où l’importance de tout faire pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre…

Apprendre à désapprendre le jardinage

Pour faire suite au décryptage du jour, je vous conseille la lecture de “Petit traité du jardin punk”, du paysagiste et pépiniériste Éric Lenoir.

Dans cet ouvrage, vous découvrirez une nouvelle approche du jardinage, plus écologiste et militante que le jardinage traditionnel. “Le jardin punk est un espace qui s’émancipe des règles du jardinage traditionnel et qui laisse à la nature toute sa place : une invitation à porter un regard nouveau sur ce qui nous entoure pour l’investir autrement et reconquérir de la biodiversité.”

Bref, un changement de regard et de pratiques qui pourrait transformer votre petit bout de terrain en véritable espace de résistance face aux pelouses tondues à ras et à la bétonisation.

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