La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
24 avr. · 7 mn à lire
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Vous êtes tous des singes !

Ne vous sentez pas insultés par cette affirmation. Vous allez comprendre pourquoi. Cette semaine, je vous fais découvrir le travail passionnant du grand primatologue Frans de Waal, qui nous a quittés le mois dernier. Il a passé sa vie à étudier les chimpanzés, et en a tiré des leçons qui nous concernent toutes et tous.

Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.

J’ai une excellente nouvelle à vous annoncer : la famille Mission Planète s’agrandit ! Deux nouveaux tomes de ma série de livres pour enfants sortiront le 2 mai prochain. Ils seront consacrés au climat et aux forêts, après les deux premiers tomes (déjà disponibles en librairie) sur les animaux et les océans.

Je suis particulièrement fier de ces deux nouveaux ouvrages, écrits avec Alice Durand, illustrés par Perceval Barrier et dont la star est toujours ma chienne Pia ! L’objectif est de rendre les enjeux environnementaux compréhensibles et accessibles aux enfants, de manière simple et ludique, en les émerveillant, sans les angoisser.

Les Mission Planète sont destinés à tous les enfants qui savent lire, et dès 4 ans en lecture accompagnée. C’est un mélange de pages informatives, de jeux, d’activités à faire en famille et d’idées pour agir. Je suis heureux de voir que les deux premiers tomes ont plu à vos enfants (je lis vos messages !) et j’espère que cela va continuer.

Pour commander dès à présent les tomes 3 (climat) et 4 (forêts), et les recevoir dès leur sortie le 2 mai, vous pouvez cliquer ici.

En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous.

Hugo

Vous êtes un singe, comme moi, et comme toutes les personnes qui lisent ces lignes. Nous ne descendons pas des singes, nous ne sommes pas leurs cousins éloignés, non, nous sommes des singes, de la famille des hominidés, comme les chimpanzés et les bonobos.

Qu’est-ce qui nous différencie vraiment de ces créatures ? “Notre arrogance, peut-être”, répondait Frans de Waal. Ce primatologue de génie, né aux Pays-Bas et que j’ai eu la chance de rencontrer à deux reprises, nous a quittés le mois dernier à 75 ans.

Il a passé sa vie à étudier les grands singes et il en a tiré la conclusion que rien n’était réellement le propre de l’Homme. Ni notre conscience, ni nos émotions, ni notre intelligence. Ses travaux ont montré que nous partageons tout cela avec les autres singes.

Frans De Waal au zoo de Barcelone, avec un chimpanzé. (photo Xavier Cervera)Frans De Waal au zoo de Barcelone, avec un chimpanzé. (photo Xavier Cervera)

Je vous invite à regarder l’interview que j’avais faite de lui en 2018, en cliquant ici, et à écouter son passage à mes côtés dans l’émission C l’hebdo en 2022, en cliquant là.

“Dans ma vie, j’ai dû voir 25 propositions sur le propre de l’homme. Toutes sont tombées, déclarait Frans de Waal au journal Le Monde en 2016. On perd notre temps. Pourquoi toujours chercher ce qui nous est unique, à nous ?”

Frans de Wall a par exemple été le premier à décrire les manœuvres politiques dont sont capables les chimpanzés. Le mâle dominant n’est pas forcément le plus fort, expliquait-il, mais celui qui sait constituer les meilleures alliances. Comme chez l’humain.

Frans de Waal en 1979 aux Pays-Bas, avec un bébé chimpanzé. (photo Desmond Morris)Frans de Waal en 1979 aux Pays-Bas, avec un bébé chimpanzé. (photo Desmond Morris)

Frans de Waal disait que nous avions beaucoup à apprendre des chimpanzés, en expliquant comment ils se réconcilient systématiquement après une bagarre, aussi violente soit-elle.

“Pour beaucoup, il fut celui qui fit connaître la société des chimpanzés, leurs stratégies, leurs alliances, écrit la primatologue Sabrina Krief, au sujet de Frans de Waal. Celui qui osa parler d’eux comme on parle de nous. Dès les 3 premières pages de son livre La politique du chimpanzé, publié en 1994, il fait tomber les frontières. Dans ce livre, Frans commence par décrire la vieille femelle du groupe : elle est une dame, malgré ses problèmes à marcher et grimper. Alors que d’autres auraient débuté leur récit par les exploits d’un jeune mâle alpha fringuant ou le machiavélisme de deux compères, il nous décrit la vieille matriarche, qui a le respect des mâles et dans les bras de qui ils courent se réfugier plutôt que de recourir à la violence. C’est cette vieille femelle, au regard intense, qui rassure le mâle alpha attaqué par tous et paniqué. Presque toute la complexité de la société chimpanzée apparaît déjà, en quelques lignes.”

Les recherches de Frans de Waal ont aussi permis de mettre en lumière l’incroyable capacité d’empathie qui existe chez les singes, alors que nous avons longtemps pensé que cela nous était réservé.

Frans de Waal a notamment fait une expérience où il propose deux jetons à un chimpanzé : un jeton “égoïste” qui lui permet d’avoir une récompense pour lui uniquement, et un jeton “social” qui permet d’avoir une récompense pour lui ET une récompense pour l’un de ses congénères. Eh bien le chimpanzé choisit le jeton “social” et agit donc par empathie, sans en retirer de bénéfice personnel.

L’un de ses livres les plus récents, intitulé La dernière étreinte, m’a particulièrement bouleversé. Frans de Waal y raconte l’histoire de Mama, une matriarche chimpanzé du zoo d’Arnhem, aux Pays-Bas. Âgée de 59 ans, malade, Mama est mourante. Elle n’a même plus la force de se lever, et refuse de s’alimenter.

Mais un jour, le professeur Jan Van Hooff (le maître de thèse de Frans de Waal), qui a côtoyé Mama pendant plus de quarante ans, entre dans la pièce. Soudain, Mama, qui le reconnaît, se redresse, sourit, glapit d’excitation, puis caresse doucement les cheveux de l’humain avant de le serrer dans ses bras et de lui tapoter la nuque.

Mama, une chimpanzé mourante de 59 ans, heureuse de retrouver le professeur Jan Van Hooff, qu'elle a cotoyé pendant 40 ans. Mama, une chimpanzé mourante de 59 ans, heureuse de retrouver le professeur Jan Van Hooff, qu'elle a cotoyé pendant 40 ans.

Cette scène d’adieu, cette dernière étreinte, qui a été filmée, est bouleversante et montre à quel point nous ressemblons aux chimpanzés, y compris dans l’expression de nos émotions les plus intimes.

“Le fait que Jan et Mama appartiennent à des espèces différentes est secondaire, écrit Frans de Waal. Il s’agissait de la rencontre de deux membres d’espèces liées, qui se connaissaient depuis très longtemps et se respectaient en tant qu’individus. (…) L’image a été un choc pour beaucoup de gens, parce qu’ils y ont reconnu leur propre comportement. Pour la première fois, ils ont compris qu’un geste qu’ils croyaient intrinsèquement humain correspond à un type qui vaut pour tous les primates. Les détails sont souvent un excellent moyen de repérer des connexions liées à l’évolution. Soit dit en passant, ces connexions concernent 90 % des expressions humaines, du hérissement de nos quelques poils quand nous avons peur (la chair de poule) aux tapes dans le dos que l’on observe chez les hommes comme chez les chimpanzés mâles en guise de franche camaraderie.”

En 2018, quand j'ai eu la chance d'interviewer Frans de Waal pour le média Konbini News. En 2018, quand j'ai eu la chance d'interviewer Frans de Waal pour le média Konbini News.

Quand j’ai interviewé Frans de Waal, il m’avait aussi expliqué que les chimpanzés pouvaient, comme nous, ressentir le deuil. “On a un cas où une mère chimpanzé a gardé le corps de sa petite presque un mois, accroché sur elle. J’ai aussi observé la mort d’un chimpanzé dans une colonie, où tous les congénères sont restés complètement silencieux, ce qui n’est pas normal pour des chimpanzés. Beaucoup n’ont pas mangé pendant des jours. Ils étaient très affectés émotionnellement.”

L’une des conclusions du travail colossal de Frans de Waal est qu’il faut inverser la charge de la preuve sur l’intelligence et la sensibilité des autres animaux, et en particulier des mammifères. Plutôt que de partir du principe que nous sommes fondamentalement différents, il faut partir du principe que nous sommes semblables : il n’y a pas de raison que les chimpanzés ne ressentent pas les mêmes émotions que nous, puisque nous sommes constitués des mêmes organes.

Frans de Waal en 1991, aux États-Unis. (photo Erik Lesser)Frans de Waal en 1991, aux États-Unis. (photo Erik Lesser)

À ceux qui l’accusaient d’anthropomorphisme (tendance à attribuer aux animaux des attitudes humaines), il répondait en dénonçant, au contraire, l’anthropodéni, “cette croyance vaniteuse de l’homme à se croire incomparable aux autres espèces”.

“Sommes-nous trop bêtes pour comprendre l’intelligence des animaux ?”, s’interrogeait Frans de Waal, qui résumait ainsi le travail de sa vie : “J’ai rapproché les singes des humains en remontant un peu les singes, mais aussi en rabaissant un peu les humains”.

Merci pour tout, monsieur de Waal. Puissent Mama et tous vos autres amis singes vous accueillir comme il se doit dans l’autre monde, s’il existe.

1 - Bonne nouvelle : le niveau des nappes phréatiques est excédentaire sur une bonne partie de la France

Au 1er avril, 58 % des nappes phréatiques en métropole étaient à un niveau au-dessus des normales mensuelles, selon le bulletin mensuel du Bureau de recherche géologique et minière (BRGM). Sur une grande partie du territoire, la recharge en eau est excédentaire en raison de pluies abondantes au mois de mars. Parmi les nappes les plus rechargées, on retrouve celles du Bassin parisien, du Massif central et du Bassin aquitain. Sur le Sud-Est, le BRGM indique que “les pluies très excédentaires de fin février ont été bénéfiques. Les niveaux sont en forte hausse sur les nappes de la Côte d’Azur, de la Provence et du Languedoc”.

La situation des nappes phréatiques au 1er avril 2024. (carte BRGM)La situation des nappes phréatiques au 1er avril 2024. (carte BRGM)

Comparée à l’année dernière, cette amélioration est spectaculaire. Au 1er avril 2023, 75 % des nappes métropolitaines étaient SOUS les normales et aucune à un niveau excédentaire. La vigilance reste cependant de mise pour certaines zones alors qu’approche la fin de la période de recharge. C’est le cas par exemple pour le Sud de l’Alsace, ou encore dans les Pyrénées-Orientales, où les autorités ont mis en place une gestion spécifique de l’eau.

2 - Carrefour épinglé après la vente de requin-renard à Anglet

Du requin-renard était proposé aux clients dans un hypermarché Carrefour à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques. L’information a été révélée par l’association Sea Shepherd France, dimanche 21 avril. Classé en danger d’extinction en Europe, le requin-renard a vu ses populations s’effondrer ces dernières décennies, malgré une interdiction de pêche ciblée.

Du requin-renard à la vente dans le Carrefour d'Anglet, au Pays Basque. (photo Sea Shepherd France)Du requin-renard à la vente dans le Carrefour d'Anglet, au Pays Basque. (photo Sea Shepherd France)

Sa commercialisation en cas de capture accidentelle reste autorisée, ce qui permet à des poissonneries et grandes surfaces de le proposer légalement à la vente. Sea Shepherd France demande la fin de la commercialisation des espèces menacées et protégées, même en cas de capture accidentelle, pour ne pas offrir de débouchés économiques à ces prises, et ainsi encourager les pêcheurs à tout faire pour les éviter.

Contacté par Vakita, Carrefour a souhaité réagir. “Cette pratique est inadmissible et contraire à toutes nos règles de vente de produits de la mer”, a expliqué l’enseigne. “Il s'agit d'une initiative isolée de la part d'un magasin, à qui nous avons immédiatement demandé de retirer les produits du rayon. Un rappel à l'ordre a également été fait, pour que ce type de pratique ne se reproduise plus.”

3 - Un gypaète barbu est né dans le parc des Écrins, une première depuis 100 ans

Un petit gypaète barbu est né dans une vallée du massif des Écrins pour la première fois depuis plus d’un siècle. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour la survie de l’espèce, classée en danger d’extinction en France. Le gypaéton est né le 3 avril dans le Valgaudemar, au cœur des Écrins. Selon le parc national, “si l’élevage du jeune se poursuit dans de bonnes conditions”, il “pourrait s’envoler du nid aux alentours du 1er août”. Dans cette vallée, trois couples de gypaètes et un duo de mâles cohabitent. Le parc des Écrins espère de nouvelles naissances dans les années à venir. 

Un gypaète barbu adulte. (photo Muséum d'histoire naturelle)Un gypaète barbu adulte. (photo Muséum d'histoire naturelle)

Trophée de chasse très prisé, le rapace a disparu des Alpes au début du XXème siècle. Il a ensuite été réintroduit dans les années 80, mais il reste aujourd’hui encore menacé par le braconnage, mais aussi par l’activité humaine. En 2023, on comptait 250 à 300 gypaètes barbus installés dans les Alpes. Dans la nature, le gypaète barbu joue un rôle important. En se nourrissant quasi exclusivement d’os et de cadavres, il permet d’éviter la dispersion des virus et l’émergence d’épidémies.

14 %

C’est la part d’eau douce renouvelable qu’a perdue la France entre 1990 et 2018, selon une note de France Stratégie, le service de prospective du Premier ministre. L’eau renouvelable correspond aux précipitations qui ruissellent vers les cours d’eau et les lacs, ou qui s’infiltrent dans les nappes libres par le cycle naturel de l’eau. Elle est indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes et des activités humaines, notamment pour la production d’énergie, pour l’industrie ou encore pour l’agriculture. 

Cette baisse s’explique essentiellement par une baisse des précipitations et par une augmentation de l’évapotranspiration due à la hausse des températures ces dernières décennies. “Cette tendance devrait s’aggraver, notamment en période estivale, avec le changement climatique”, alerte le service de Matignon. 

Face à ce constat, France Stratégie met également en garde contre les risques de “tensions” liées à l’or bleu. “Les prélèvements en eau et leurs consommations associées soulèvent de nombreuses interrogations, en particulier dans le contexte actuel de tensions croissantes sur la disponibilité de la ressource en lien avec le changement climatique”, s’inquiètent les analystes.

Pour financer cette newsletter gratuite, nous avons fait le choix de mettre en avant des marques qui s’engagent pour réduire leur impact sur l’environnement, car le changement passe aussi par les entreprises ! Cette semaine, les Recos sont en partenariat avec Green-Got.

Une vidéo bouleversante sur un refuge hors du commun

Si vous voulez prendre une bonne dose d’émotion et d’espoir, je vous conseille de regarder cette vidéo YouTube sur le refuge Groin-Groin. Effet garanti contre la déprime !

Groin-Groin fait partie des lieux qui redonnent foi en l’humanité. Installé dans la Sarthe, il recueille des animaux issus d’élevages, sauvés de l’abattoir, et leur offre une vie paisible jusqu’à leur mort naturelle.

Cochons, chèvres, chevaux, bovins, poulets… Les pensionnaires de Groin-Groin sont issus de toutes les espèces que nous exploitons habituellement pour leur viande ou leur lait. Savoir qu’il existe des oasis de douceur et d’amour au milieu d’un océan de souffrances, cela fait un bien fou.

La journée que j’avais passée à Groin-Groin pour un reportage m’avait profondément marqué. En s’occupant des cochons, on se connecte avec des êtres sensibles, joueurs, plein d’empathie, qui ressemblent beaucoup à nos chiens. Après quelques heures à leurs côtés, on se demande comment on peut leur faire autant de mal.

Rencontre avec les cochons au refuge Groin-Groin. (image Green-Got)Rencontre avec les cochons au refuge Groin-Groin. (image Green-Got)

Pour fonctionner, Groin-Groin dépend des dons des particuliers, mais aussi du soutien de la banque écolo Green-Got, qui a déjà donné plus de 20 000 euros, et qui représentera en 2024 environ 10 % des dons reçus par Groin-Groin.

Les clients de Green-Got peuvent configurer sur leur application un système d’arrondis, pour reverser automatiquement à une association quelques centimes lors de chaque transaction avec leur carte bancaire. Et Groin-Groin figure parmi les associations qui peuvent être choisies par les clients Green-Got. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait (oui, je suis titulaire d’un compte Green-Got) !

Un petit aperçu des projets qu'il est possible de soutenir avec le système d'arrondis proposé par Green-Got sur son application.Un petit aperçu des projets qu'il est possible de soutenir avec le système d'arrondis proposé par Green-Got sur son application.

En plus de ce système d’arrondis, Green-Got reverse aussi 100 % de ses frais d’interchange (les frais que les commerçants payent à chaque transaction) à des projets avec un impact positif sur le climat ou la biodiversité.

J’utilise mon compte courant et ma carte bancaire Green-Got au quotidien depuis maintenant deux mois, et ça se passe très bien. Aucun problème à signaler. L’application mobile est aussi ultra simple d’utilisation et, franchement, savoir que mon argent ne finance ni les énergies fossiles ni les autres projets destructeurs de l’environnement, ça fait du bien !

Green-Got propose également une assurance-vie, pour valoriser notre épargne tout en finançant une économie compatible avec les limites planétaires. Quelques semaines après son lancement, l’assurance-vie Green-Got a permis de diriger 13 millions d’euros vers les entreprises de la transition écologique.

Si vous souhaitez ouvrir un compte Green-Got (ou une assurance-vie), il suffit de cliquer ici, ça se fait en quelques minutes.

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