La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
29 mai · 5 mn à lire
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J'ai un message pour les femmes

Mesdames, aujourd'hui j'ai décidé de m'adresser à vous. Je veux vous dire MERCI. Car les études sont formelles : en moyenne, les femmes sont plus écolos que les hommes. Si Willy Schraen, le patron des chasseurs, se présente aux élections européennes pour "faire remonter le niveau de testostérone", ce n'est pas un hasard...

Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.

Juste un petit mot d’introduction pour vous remercier de l’accueil que vous réservez à ma série de livres pour enfants Mission planète, réalisée avec Alice Durand et Perceval Barrier.

Nous venons de dépasser les 10 000 exemplaires vendus pour les 4 tomes déjà parus, ce qui est une sacrée performance en quelques semaines pour des livres jeunesses ! Ils sont, bien sûr, toujours disponibles en librairie.

Je suis vraiment heureux de savoir que des milliers d’enfants lisent ces ouvrages, seuls ou à partir de 4 ans avec leurs parents, et apprennent plein de choses sur la nature, les animaux et la façon de les protéger. N’hésitez pas à me livrer vos impressions en retour de mail pour améliorer les prochains tomes (car, oui, il y en aura d’autres).

En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous.

Hugo

Vous connaissez forcément l’inénarrable Willy Schraen, le patron des chasseurs français. Il est régulièrement invité dans les médias pour dire toute sa détestation des personnes qui défendent les animaux.

Eh bien figurez-vous qu’il est également candidat aux élections européennes, sur la liste de Jean Lassalle intitulée “Alliance rurale”. Willy Schraen joue sa partition habituelle : il est là pour défendre la chasse, le bon vin et le saucisson selon le journal La Dépêche du midi, à qui il a accordé une interview.

Son obsession : combattre les écologistes, qu’il accuse de vouloir détruire le mode de vie des campagnes. Et pour cela, il a un nouveau slogan tout trouvé : “Je suis là pour faire remonter le niveau de testostérone de l’Europe !”

Cela peut faire sourire, mais c’est en fait très révélateur : pour lui, comme pour beaucoup d’hommes, défendre l’environnement est assimilé à un manque de virilité. En gros, protéger les petits oiseaux ou l’eau des rivières, c’est un truc de gonzesses, ce n’est pas pour les vrais bonshommes pleins de testostérone, comme les chasseurs de Willy Schraen, dont 97% sont des hommes, des vrais.

Je vais surement vous surprendre mais, factuellement, il n’a pas tout à fait tort. En effet, de nombreuses études ont montré que les femmes ont, en moyenne, un mode de vie plus respectueux de l’environnement que les hommes. Je vous conseille la lecture de cette note très bien documentée, publiée par la Banque de France l’année dernière.

Les femmes consomment de manière plus responsable

Par exemple, une étude suédoise de 2021 a calculé que les hommes émettent en moyenne 16% de plus de gaz à effet de serre que les femmes. Cela s’explique par des différences de consommation : les hommes consomment notamment plus d’essence, mais aussi plus de viande.  

Selon un récent sondage IFOP, parmi les personnes se déclarant végétariennes ou flexitariennes en France, 65 à 67% sont des femmes. Et d’après une étude anglaise de 2018, 71% des femmes déclarent avoir adopté un mode de vie plus éthique que l’année d’avant, contre seulement 59% des hommes.  

Willy Schraen, un homme très viril au service de la testostérone. Willy Schraen, un homme très viril au service de la testostérone.

Dans la note de la Banque de France, l’économiste Oriane Wegner explique que ce clivage se retrouve aussi dans le monde professionnel. Ainsi, les femmes qui occupent des postes de responsabilité en entreprise sont plus susceptibles d’agir en faveur de la nature. Une étude européenne a par exemple montré que plus il y a de femmes dans les conseils d’administration des banques, moins ces banques accordent de prêts aux entreprises polluantes.

Selon d’autres travaux, les femmes portent de manière générale une attention plus grande dans leur travail aux problématiques RSE (Responsabilités Sociétales des Entreprises, qui incluent l’environnement).

Pas assez de femmes aux postes clés pour le climat

Tout cela pour vous dire, mesdames, que nous serions bien inspirés, nous les hommes, de suivre votre leadership si l’on veut garder une planète habitable ! Willy Schraen veut plus de testostérone, mais pour notre bien à tous, on aurait plutôt intérêt à en avoir un peu moins aux postes de responsabilité.

Et c’est là que le bât blesse. Car si les femmes sont en moyenne plus écolos que les hommes dans la sphère privée, elles sont encore très minoritaires dans les instances de décision sur l’énergie, le climat ou la biodiversité. Selon un article passionnant publié par France Culture, à peine 6% des postes ministériels en charge des politiques énergétiques et 15% des conseils du Fonds vert pour le climat sont occupés par des femmes.

Les femmes sont plus exposées aux conséquences du changement climatique

Cette situation est d’autant plus dommageable que les femmes sont en première ligne face au dérèglement climatique : elles sont plus souvent victimes des phénomènes météorologiques extrêmes que les hommes et elles représentent 80% des réfugiés climatiques, selon les Nations Unies.

Les catégories de population les plus pauvres sont majoritairement concentrées dans des zones où les risques climatiques sont particulièrement sévères. Dans ces populations, les femmes ont généralement un accès moindre à la terre, à l’éducation, à l’information et aux ressources financières. La conjonction de ces facteurs de vulnérabilité physiques propres aux populations les plus pauvres, et de facteurs socio-économiques propres aux femmes dans ces populations, engendre une exposition relativement plus élevée des femmes aux effets du changement climatique par rapport à la population globale”, écrit Oriane Wegner dans la note de la Banque de France.

Pour conclure, je vous invite, vous, chères lectrices, à vous engager partout où vous le pouvez pour porter la voix de l’écologie, au sein des associations, des entreprises, de la famille, des institutions politiques… À la lumière des études citées ici, plus les femmes occuperont des postes à responsabilité, dans tous les secteurs, plus il y a de chances qu’un nouveau mode de gouvernance moins dommageable pour la nature soit mis en place.

1 - Le responsable d’un charnier de renards condamné à une amende

Le tribunal correctionnel de Besançon a condamné le lieutenant de louveterie à l’origine d’un charnier de renards à verser 10 000 € d’indemnités à des associations et à 1000€ d’amende, dont 500€ avec sursis.

Cette condamnation fait suite à la découverte, en mars dernier, d’une vingtaine de cadavres de renards retrouvés abandonnés près d’une rivière en pleine forêt, dans le Haut-Jura. Les images, particulièrement choquantes, avaient été relayées et dénoncées par le Centre Athénas et l’association One Voice, qui avaient tous les deux porté plainte. 

En tout, une vingtaine de renards ont été retrouvés près de la rivière de Lemme, dans le Haut-Jura. (photo Vincent Girard)En tout, une vingtaine de renards ont été retrouvés près de la rivière de Lemme, dans le Haut-Jura. (photo Vincent Girard)

Sur le fond du dossier, la justice n’a pas jugé la légalité ou non de tuer des renards, car le louvetier avait été mandaté par une mairie locale pour “prélever” ces mammifères après des attaques de poulaillers. En revanche, le tribunal a considéré illégal l'abandon et le regroupement de cadavres au même endroit, alors qu'il existe des poubelles dédiées. Qui plus est, cette concentration de carcasses aux abords d’un cours d’eau augmente les risques de pollution et de prolifération de maladies.

Malgré la très faible condamnation, cette affaire a rendu visible le massacre subi chaque année par les renards, tués par centaines de milliers par les chasseurs car jugés “nuisibles”, alors qu’ils sont indispensables au fonctionnement de notre écosystème.

2 - Un pilote de ligne démissionne pour ne plus polluer

Yann Woodcock, pilote de ligne dans une grande compagnie aérienne pendant 10 ans, a décidé de démissionner pour ne plus polluer. Dans un post publié sur le réseau social Linkedin, et très partagé, il a justifié cette décision en expliquant avoir “pris conscience de l’ampleur de la catastrophe climatique et de l’effondrement du vivant”. Une prise de position qui lui a valu cet encouragement en commentaire de l’ingénieur et conférencier Jean-Marc Jancovici : “Sans précurseurs, il n'y a pas de mouvement d'ensemble.”

Yann Woodcock a travaillé pendant 10 ans dans une grande compagnie aérienne suisse. (photo DR)Yann Woodcock a travaillé pendant 10 ans dans une grande compagnie aérienne suisse. (photo DR)

Fuyant les caméras depuis sa démission, l’ex-pilote de ligne a accepté de donner son unique interview filmée à Vakita. Au micro de notre journaliste William Thorp, il raconte les raisons profondes qui l’ont poussé à claquer la porte de cette industrie très polluante. “Je ne m’imaginais pas, dans une quinzaine d’années, dire à mes enfants : papa pouvait bifurquer, il avait un plan B, mais il a choisi de ne pas le faire parce qu’il aimait voler’”, explique-t-il.

Après sa carrière passée dans l’aviation, Yann Woodcock veut désormais devenir avocat. Son interview, passionnante et inspirante, est à retrouver en cliquant ici.

3 - La population de loups décline en France, une première depuis 10 ans

La population de loups est en déclin en France, selon les estimations officielles dévoilées par six associations de défense de l’environnement : FERUS, LPO, ASPAS, WWF, FNE, et Humanité & Biodiversité. En 2023, le nombre de loups présent sur le territoire a reculé de 9% par rapport à 2022. Les estimations font état d’une population moyenne de 1003 individus dans notre pays, contre 1096 l’année d’avant.

La population de loups en France a chuté de 9 % en seulement un an. (photo MNHN Toulon)La population de loups en France a chuté de 9 % en seulement un an. (photo MNHN Toulon)

C’est la première fois que la population de loup décline en France en 10 ans, alors même que le canidé est classé “espèce protégée”. Un statut de protection qui n’interdit pas de l’abattre en cas d’attaques de troupeaux d’animaux domestiques.

Selon les associations, ce déclin de la population est d’autant plus préoccupant qu’il intervient au moment où le gouvernement a décidé d’assouplir certaines règles de “tirs de défense”, pour faciliter l’abattage des loups qui s’en prennent aux animaux d’élevage.

Actuellement, en France, 19% de la population totale de l’espèce peut être abattue en toute légalité. Un seuil trop haut selon les associations, qui demandent à l’État de baisser le nombre de tirs autorisés sur le prédateur.

56,9 %

C’est la part des rivières françaises qui ne sont pas en bon état de santé, alerte un récent rapport du WWF. L’ONG environnementale tire la sonnette d’alarme sur “l’état de santé des écosystèmes d’eau douce” en France et sur “l’effondrement de certaines espèces de poissons et d’oiseaux” qui s’ensuit.

Parmi les causes du mauvais état de nos rivières : la multiplication des pressions liées aux activités humaines, comme les barrages, les effets du changement climatique sur le réchauffement des eaux de surface ou encore l’agriculture intensive. 

Ce constat, très prégnant en milieu rural, est cependant à contraster avec l’amélioration de la qualité des eaux des fleuves en aval des grandes villes, note le WWF. En d’autres termes : la qualité de nos rivières et de nos petits ruisseaux près des champs se dégrade, quand celle des grands fleuves, comme la Seine ou la Loire, progresse globalement.

Pour protéger efficacement les écosystèmes d’eau douce, le WWF préconise notamment de préserver le plus possible les zones humides des pressions humaines et de restaurer 25 000 km de cours d’eau d’ici 2030.

Vakita débarque sur YouTube !

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Diffuser des sujets sur YouTube nous permet de toucher un public différent, pas toujours sensibilisé aux thématiques environnementales et au bien-être animal. Notre enquête sur le parc Marineland d’Antibes, où nous avons mis au jour les terribles conditions de captivité des orques et des dauphins, a par exemple été vue plus de 30 000 fois en quelques jours. Et à en juger les commentaires, de nombreuses personnes n’avaient jamais entendu parlé de ce sujet.

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