La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
22 juin · 6 mn à lire
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Méfiez-vous de ce label "écolo" !

Le label "Haute Valeur Environnementale" (HVE) fleurit un peu partout dans nos supermarchés. Derrière un nom qui rassure, se cache en réalité une belle opération de greenwashing, au détriment du bio. Décryptage dans cette newsletter.

Salut tout le monde ! Je suis très heureux de vous proposer ce nouveau numéro de ma newsletter. Vous êtes de plus en plus nombreuses et nombreux à la lire, et ça me fait très plaisir. Merci pour vos messages de soutien suite au numéro précédent, où je vous racontais comment mon discours à la mairie de Paris a été censuré. Depuis, je n’ai pas eu de nouvelles, ni des organisateurs de l’événement, ni de la mairie, ni du média qui a assuré la captation (et qui m’a envoyé le discours avec des passages coupés). Visiblement, ils se font discrets. N’oubliez pas, vous pouvez découvrir tout le travail d’investigation mené par mes équipes et moi-même en vous abonnant à notre média d’action Vakita. Il suffit de cliquer ici.

Bonne lecture et prenez soin de vous !

Vous l’avez sûrement déjà aperçu en faisant vos courses. Le label “Haute Valeur Environnementale” (HVE) se répand depuis quelques années dans tous les rayons. Son logo montre un joli paysage avec un champ, des arbres, le soleil et un papillon. Bref, il évoque le respect de la nature et de sa diversité. Entre cet aspect visuel et le nom évocateur, le consommateur a vite fait de penser que les produits labellisés HVE sont respectueux de l’environnement. Qu’en est-il vraiment ?

Avec les équipes de mon émission “Sur le front”, diffusée le lundi 3 juillet à 21 heures sur France 5, nous avons enquêté. Et nous n’avons pas été déçus ! Je vous explique.

À l’origine, le HVE partait d'une bonne intention. Selon les dires de l’un de ses créateurs, l’agronome Lionel Vilain, que nous avons rencontré, il s’agissait d’encourager les agriculteurs qui tendaient vers une agriculture vertueuse, notamment en réduisant fortement l’usage de produits phytosanitaires voire en les supprimant, mais qui ne pouvaient pas ou ne voulaient pas obtenir le label AB (Agriculture Biologique). En effet, certains paysans mettent en place des pratiques écologiques, ou le font depuis toujours, sans pour autant répondre à tous les critères du bio. Le HVE est imaginé en 2007, lors du Grenelle de l’environnement organisé par Nicolas Sarkozy, et lancé en 2011. Mais, très vite, les défenseurs de l’agriculture intensive, dont la FNSEA, le principal syndicat agricole, entrent dans le jeu et vident ce label de sa substance, selon l’agronome Lionel Vilain. À tel point que Lionel Vilain estime aujourd’hui qu’il est devenu “une arnaque” et “une tromperie”.

Pour s’en rendre compte, il suffit de se pencher sur le cahier des charges du HVE. Qu’est-ce qu’il interdit et qu’est-ce qu’il autorise ? La réponse est rapide : le label HVE n’interdit quasiment rien. Il est possible de l’obtenir en utilisant des pesticides et des engrais de synthèses, en pratiquant l’élevage intensif ou encore en cultivant des légumes dans des serres chauffées en plein hiver. Tout cela est formellement prohibé par le label bio. Le tableau ci-dessous compare les deux cahiers des charges bio vs HVE.

Exemple de lecture : la ❌ signifie que les pesticides de synthèse sont interdits en bio, alors qu’ils sont autorisés ✅ en HVE, la ❌ signifie que l’accès des animaux au plein air n’est pas obligatoire en HVE alors que c’est obligatoire ✅ en bio, etc.

Les viticulteurs ont été les premiers à miser sur le HVE. Ils ont très vite compris l’intérêt de ce label qui permet de verdir les bouteilles, sans impliquer de changements majeurs dans les pratiques. La viticulture représente ainsi plus de 62% des exploitations HVE. Contrairement aux viticulteurs bio, les HVE épandent donc des pesticides de synthèses sur leurs vignes, comme nous avons pu le constater de nos propres yeux dans le Bordelais.

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