La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
11 oct. · 7 mn à lire
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La face cachée du jambon Herta

"Le bon goût des choses simples", dit la publicité. En réalité, "le mauvais goût de la souffrance" serait plus adapté. L'association L214 vient de publier une nouvelle enquête filmée dans un élevage de cochons qui fournit notamment la marque Herta. Les images sont accablantes et rappellent l'enfer que vivent les animaux dans les élevages intensifs.

Salut tout le monde !

J’espère que vous allez bien, malgré l’actualité bien sombre de ces derniers jours… Merci pour vos nombreux messages adorables suite à la sortie de ma BD Le théorème du vaquita ! Nous avons déjà lancé une réimpression, car vous avez été très nombreuses et nombreux à l’acheter dès sa sortie. Je suis très heureux de savoir que ce livre vous plaît et j’ai hâte d’en parler avec vous lors des prochaines rencontres :

  • ANGOULÊME : dimanche 22 octobre, au salon “Angoulême se livre”, rencontre à 14h30 suivie d’une séance de dédicaces. Entrée gratuite et sans inscription.

  • STRASBOURG : jeudi 2 novembre, dans le cadre des “Bibliothèques idéales”, conférence gratuite à 18h30 suivie d’une séance de dédicaces. Événement gratuit.

  • BRIVE : samedi 11 novembre, à la foire du livre, rencontre et dédicaces, horaires à suivre.

De nombreuses autres dates sont en cours de calage, notamment à Nantes, Rennes, Mulhouse, Toulon, Marseille, Bordeaux, Biarritz, Toulouse… Restez connectés, je vous tiens au courant.

En attendant, Le théorème du vaquita est disponible dans toutes les librairies et magasins spécialisés (Fnac, Cultura, Espace culturel…).

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La réalisation de cette newsletter, chaque semaine, nécessite du temps et d’employer quelqu’un pour m’aider sur le contenu et la mise en forme. Je compte donc sur le soutien de celles et ceux qui en ont la possibilité. Il suffit de cliquer sur le bouton ci-dessous. Merci par avance.

Bonne lecture et prenez soin de vous !

Hugo

Si vous vous fiez aux publicités Herta, franchement, ça donne envie. Cette célèbre marque française met en avant de belles images de campagne : rivière immaculée, magnifiques arbres, paysages ensoleillés, figurants vêtus de chapeaux de paille, vieilles voitures de collection type années 60, familles qui se réunissent autour d’une vieille table en bois… “Herta, le goût des choses simples”, conclue la voix off pour mettre en avant le produit phare de l’entreprise : le jambon emballé.

Bizarrement, pas une seule image de cochon. Et quand on découvre la réalité, on comprend pourquoi… L’association L214 vient de dévoiler une nouvelle enquête accablante, filmée dans un élevage intensif situé à Corbeil, dans la Marne. Pour voir la vidéo en entier, vous pouvez cliquer ici, mais attention, c’est difficilement supportable. Dans cette newsletter, pas de vidéo, seulement quelques photos. J’ai choisi de ne pas montrer les images les plus dures, pour permettre aux personnes sensibles de pouvoir lire le texte jusqu’au bout. Ces photos permettent seulement de mieux comprendre les conditions d’élevage.

L'élevage porcin de Corbeil, dans la Marne, vu de l'extérieur. (photo L214)L'élevage porcin de Corbeil, dans la Marne, vu de l'extérieur. (photo L214)

L’élevage en question dépend de la coopérative Cirhyo, l’un des leaders français du porc, et la viande produite est principalement vendue en grande et moyenne surface, majoritairement sous la marque Herta.

Que voit-on sur ces images ? Je vous le décris, pour celles et ceux qui n’ont pas envie de regarder la vidéo. D’abord, on découvre l’intérieur des bâtiments dans lesquels sont enfermés environ 4 000 cochons. Ils sont entassés dans des espaces restreints, sur un sol en caillebotis, une sorte de grillage qui laisse passer les excréments pour qu’ils tombent directement dans la fosse à lisier. Ces cochons ne sortent jamais. Ils n’ont pas accès à l’extérieur.

Les cochons vivent dans une promiscuité extrême et n'ont jamais accès à l'extérieur. (photo L214)Les cochons vivent dans une promiscuité extrême et n'ont jamais accès à l'extérieur. (photo L214)

Les truies reproductrices, elles, sont enfermées soit dans des cages d’insémination, soit dans des cages de mise-bas. Les barreaux sont tellement serrés, qu’elles ne peuvent même pas se retourner. Les porcelets doivent téter leurs mères à travers la cage.

Cages d'insémination pour les truies. (photo L214)Cages d'insémination pour les truies. (photo L214)

Cages de mise-bas. Cette partie de l'élevage est appelée "maternité". (photo L214)Cages de mise-bas. Cette partie de l'élevage est appelée "maternité". (photo L214)

La vidéo montre également des pratiques d’élevage illégales : des employés frappent les truies avec une truelle, d’autres pratiques “le claquage”. Vous savez ce que c’est ? Il s’agit d’une méthode de mise à mort pour tuer les porcelets malades, ou jugés trop faibles pour grandir suffisamment vite et répondre aux critères de rentabilité. Cela consiste à saisir le porcelet par les pattes arrières, et à lui fracasser la tête contre le sol.

Sur les images, on aperçoit un employé en train de “claquer” plusieurs porcelets. Certains bougent encore après l’acte et sont laissés à même le sol, où ils sont ensuite dévorés par un ou plusieurs chats évoluant librement au sein de l’élevage. Cette “technique” d’abattage sauvage n’est pas réglementaire.

Arrêt sur image de la vidéo de L214, où l'on voit un employé en train de castrer les porcelets sans anesthésie. (image L214)Arrêt sur image de la vidéo de L214, où l'on voit un employé en train de castrer les porcelets sans anesthésie. (image L214)

L’enquête montre également des employés en train de sectionner la queue des porcelets sans anesthésie. On entend les animaux gémir. Cette pratique est illégale depuis 2003 quand elle est systématique, ce qui est le cas dans cet élevage. Les porcelets sont aussi castrés à vif, ce qui est interdit depuis janvier 2022.

On constate malheureusement qu’il ne suffit pas de changer la loi pour réduire la souffrance animale, il faut aussi multiplier les contrôles, sans quoi la réglementation n’est pas appliquée. Suite à la publication de la vidéo, une inspection a été diligentée dans l’élevage par le préfet de la Marne, mais il ne faut pas nourrir trop d’espoir quant aux suites qui seront données, la plupart de ces inspections ne donnant lieu à aucune sanction, malgré les preuves accablantes.

Un enclos d'engraissement à l'intérieur de l'élevage de Corbeil. (photo L214)Un enclos d'engraissement à l'intérieur de l'élevage de Corbeil. (photo L214)

De son côté, INAPORC, l’interprofession nationale porcine, qui regroupe les différents acteurs de la filière, a réagi auprès du Figaro à travers la voix de sa directrice : “Ces images sont choquantes, bien sûr, mais elles sont sorties de leur contexte”.

Il s’agit là de la réaction classique de l’industrie lorsque de telles images sont publiées. Pourtant, le contexte est très clair. Il ne s’agit pas d’une exception ou d’un cas extrême, mais de la triste banalité des élevages industriels de cochons. En tant que journaliste, j’en ai visité beaucoup, en accompagnant des militants de la cause animale. Toujours de manière clandestine, de nuit, sans prévenir avant et sans que l’éleveur ne soit au courant, pour que l’élevage ne puisse pas être “arrangé” ou nettoyé au préalable.

J’y ai vu à chaque fois la même chose : la même promiscuité, les mêmes cages minuscules, les mêmes instruments de castration, les mêmes cadavres de porcelets écrasés dans leur enclos ou claqués, la même souffrance, les mêmes flacons d’antibiotiques, le même désespoir dans le regard des truies… C’est après avoir visité l’un de ces élevages que j’ai décidé de devenir végétarien.

La détresse se devine dans le regard des cochons de l'élevage de Corbeil, dans la Marne. (photo L214)La détresse se devine dans le regard des cochons de l'élevage de Corbeil, dans la Marne. (photo L214)

En France, selon les chiffres de la filière porcine elle-même, 95% des cochons sont élevés en bâtiments fermés sur caillebotis, 4% en bâtiments fermés sur paille, et à peine 1% en plein air. Vous avez bien lu : 99% des cochons ne sortent JAMAIS de leurs bâtiments, sauf pour aller à l’abattoir. L’élevage industriel est la norme, pas l’exception.

Quand vous mangez du jambon, du rôti, du saucisson ou des côtes de porc, il est quasiment certain que la viande provienne de ce type d’élevage. Sauf si vous vous fournissez directement auprès des éleveurs plein air, ou auprès des filières biologiques (l’accès au plein air est obligatoire en bio) ou artisanales, comme celle du porc basque Kintoa.

L’élevage intensif porcin a écrasé les petites fermes artisanales

Malheureusement, l’élevage paysan de cochons a quasiment disparu. L’intensification a été très forte ces dernières décennies, et a tout écrasé sur son passage. Selon Jocelyne Porcher, chercheuse à l’Inrae, on comptait environ 800 000 élevages porcins en 1970 dans notre pays, avec une moyenne de 12 animaux par éleveur. En 2004, il n’en restait que 19 000, dont 3 500 concentraient la moitié de la population totale de porcs avec une moyenne de 2000 animaux par exploitation. Depuis, le phénomène s’est encore accentué. Selon l’Institut français du porc, les petits élevages (moins de 100 animaux) représentaient 48% des exploitations en 2010, mais moins de 1% du cheptel porcin.

En plus de causer d’immenses souffrances aux animaux, cette intensification est une bombe sanitaire, puisqu’elle concentre un grand nombre d’individus, avec une faible diversité génétique, dans des espaces confinés. L’élevage industriel nécessite d’employer d’importantes quantités de médicaments et d’antibiotiques, ce qui participe notamment à augmenter l’antibiorésistance. Tout cela pour fabriquer des produits transformés comme le jambon ou le saucisson, qui ont des effets néfastes sur la santé. Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) classe la viande transformée, dont la charcuterie, comme cancérogène avéré, au même niveau de nocivité que le tabac par exemple.

Comment agir ?

Bref, ne croyez pas les publicités et les discours marketing des marques comme Herta. Même quand l’entreprise vante ses élevages “préférence”, laissant entendre qu’il s’agirait d’élevages particulièrement respectueux des animaux. C’est faux, L214 l’a montré en filmant à l’intérieur d’une de ces exploitations, où les conditions sont tout aussi sordides.

Pour agir, je vous invite à :

  • Réduire autant que possible votre consommation de viande de cochon et éviter les produits de la marque Herta et, de manière générale, les produits carnés vendus en grande distribution. Chez les bouchers, demandez au vendeur si la viande de porc proposée est issue d’un élevage bio ou plein air. S’il n’a pas la réponse, je vous conseille de passer votre chemin.

  • Signer la pétition de L214 adressée à Herta et au ministre de l’Agriculture en cliquant ici (le lien comporte une vidéo, mais ne vous inquiétez pas, elle ne se lance pas automatiquement.) Vous pouvez aussi adhérer ou faire un don à L214 pour les soutenir dans leur indispensable travail d’enquête.

  • Interpeller vos élus locaux et nationaux sur leur position vis-à-vis de l’élevage intensif. Pour rappel, selon de nombreux sondages, plus de 80% des Français sont pour l’interdiction de ce mode d’élevage. Avant une élection, cherchez à savoir ce que proposent les candidats sur cette question. Si nous sommes des millions à leur dire que les animaux d’élevage comptent pour nous, les choses changeront plus vite !

1 - A69 : les travaux de l’autoroute suspendus !

L’annonce a été faite hier à la mi-journée : les travaux de défrichement en cours entre Castres et Toulouse, réalisés dans le cadre du projet de la nouvelle autoroute A69, sont suspendus jusqu’à vendredi. Une réunion aura lieu ce jour-là avec toutes les parties prenantes, notamment les élus locaux et les associations. Cette décision, prise sous l’impulsion du ministre des Transports Clément Beaune, intervient au terme d’une forte mobilisation citoyenne contre l’A69.

Thomas Brail, fondateur du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), était en grève de la faim depuis 39 jours pour demander l’arrêt du projet, et il avait entamé une grève de la soif lundi à 14 heures, aux côtés de deux autres activistes.

Suite à l’annonce de la suspension des travaux, ils ont décidé de mettre un terme à leurs grèves de la faim et de la soif, en attendant les échanges de vendredi. Mais Thomas et les autres ont déjà prévenu qu’ils étaient prêts à reprendre ce mode d’action si la réunion n’aboutissait pas sur des décisions concrètes.

Les opposants à l’A69 réclament toujours l’abandon du projet qui, s’il est mené à son terme, aboutira à la coupe de nombreux arbres et au bétonnage de terres agricoles.

2 - L’arbre le plus célèbre d’Angleterre a été abattu clandestinement

L’érable majestueux de Sycamore Gap, l’un des arbres les plus photographiés du Royaume-Uni, est tombé. Niché entre deux collines, il faisait le bonheur des randonneurs et des instagrammeurs du monde entier.

Photo : Paul C Stokes ; Moment RF ; Getty ImagesPhoto : Paul C Stokes ; Moment RF ; Getty Images

Malheureusement, il y a quelques jours, il a été découvert sur le sol par des marcheurs, tronçonné au niveau de la souche. Cet acte délibéré de vandalisme a suscité un émoi national. “Jour très triste pour l’emblématique Sycamore Gap, qui fera de la peine à tant de gens à travers le pays, et même à travers le monde”, a dénoncé Mary Foy, députée locale.

L’arbre bicentenaire se dressait depuis plus de 200 ans au-dessus du mur de l’empereur romain Hadrien, classé au patrimoine mondial de l’Unesco, dans le Northumberland National Park, au nord-est du pays.

Élu “arbre de l’année” en 2016, il avait notamment été immortalisé au cinéma en 1991 dans Robin des Bois, prince des voleurs de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner et Morgan Freeman. Aujourd’hui, il ne reste plus que sa souche.

Photo : Twice Brewed Brew Co ; X (Twitter)Photo : Twice Brewed Brew Co ; X (Twitter)

“Je n’ai pas ressenti de telle émotion depuis la perte de la ­vénérable charpente de Notre-Dame, à Paris”, s’est ému Dan Jackson, historien et auteur, originaire du comté de Northumberland.

Une enquête de police a été ouverte pour tenter d’interpeller le ou les auteurs de la coupe clandestine. Deux suspects ont déjà été arrêtés, avant d’être relâchés. En Angleterre, abattre un arbre de manière illégale est passible d’une amende sans plafond, voire même d’emprisonnement.

3 - Théo, 16 ans, reconnu comme victime “probable” du glyphosate

Alors que la France et l'Europe s'apprêtent à voter pour ou contre la ré-autorisation du glyphosate pour 10 ans, une information capitale a été révélée lundi, notamment par notre média Vakita : la pathologie de Théo Grataloup, 16 ans, né avec des graves malformations des appareils digestifs et respiratoires, a été reconnue comme en lien probable avec une exposition au glyphosate in utero.

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