Devinez pourquoi ils veulent raser cette forêt...
Il y a plein de mauvaises raisons de couper des arbres, mais celle-là, elle vaut le détour... À Fuveau, le propriétaire d'un golf veut raser 20 hectares de forêt, dans lesquels vivent 43 espèces protégées, pour construire des villas de luxe. Alerte et décryptage dans cette newsletter.
Salut tout le monde !
Je reviens de Bali, où j’étais en tournage pour un prochain numéro de mon émission Sur le front. Je vous raconterai bientôt ce que j’y ai découvert : l’envers du décor du tourisme de masse.
Sinon, dans deux semaines, le 4 octobre, ma première BD, Le théorème du vaquita sortira dans toutes les librairies. Je viens de recevoir les premiers exemplaires, fraîchement imprimés. Quelle émotion ! Je vous rappelle qu’il est déjà possible de précommander ce roman graphique en cliquant ici ou directement auprès de votre libraire habituel.
En attendant, bonne lecture et prenez soin de vous !
Hugo
C’est une forêt de chênes et de pins d’Alep, située dans le village de Fuveau, dans les Bouches-du-Rhône. Le cadre est magnifique, avec de superbes points de vue sur la Sainte-Victoire. Dans ces bois, vivent de nombreux animaux, qui s’épanouissent paisiblement. Parmi eux, 43 espèces protégées, dont des oiseaux, tels que le chardonneret élégant, la fauvette mélanocéphale, le pic vert, le serin cini (menacé d’extinction en France), ou encore la tourterelle des bois. Mais aussi des mammifères, comme l’écureuil roux, ou des reptiles, comme le psammodrome d’Ewards, un petit lézard.
L'oiseau serin cini, qui fait partie des espèces protégées menacées par le projet. (Photo Simon Bugnon ANB)
Tout cela pourrait bientôt disparaître, car le propriétaire du terrain, qui détient également le golf adjacent, veut raser 20 hectares de forêt pour construire 150 villas de luxe, qui pourraient être revendues environ un million d’euros pièce. Ce projet d’un autre temps, qui a germé il y a plus de 15 ans, est en passe de se concrétiser.
Le propriétaire a demandé le permis de construire aux débuts des années 2000, avant de l’obtenir en 2014, après une âpre bataille avec la mairie, opposée à la construction des villas. Depuis, les procédures judiciaires s’enchaînent, mais les travaux de terrassement ont commencé en juin 2023 et des arbres ont déjà été coupés, comme le montre cette vue aérienne avant/après.
Ces travaux sont pourtant illégaux, puisque le propriétaire n’a pas obtenu la nécessaire dérogation pour pouvoir détruire des espèces protégées. Cette dérogation n’est accordée que lorsqu’il y a une “raison impérative d’intérêt public majeur”, ce qui n’est de toute évidence pas le cas ici. Plusieurs associations, dont l’Association nationale pour la biodiversité (ANB), l’Association de protection des animaux sauvages (ASPAS) et le Groupe national de surveillance des arbres (GNSA) ont déposé une plainte pour destruction d’espèces protégées, qui est actuellement en cours d’instruction.
Malgré cela, la préfecture n’a pas ordonné la suspension des travaux, qui devaient se poursuivre ces derniers jours. Heureusement, des militants pacifistes ont bloqué les machines pour éviter le carnage. Cette opération est pour l’instant un succès, puisque les ouvriers n’ont pas pu continuer la destruction de la forêt. Pour le moment, les forces de l’ordre ne sont pas intervenues pour déloger les activistes, mais on peut craindre que cela se produise dans les jours qui viennent.
Des militants bloquent les engins de chantier en s'y attachant. (photo Antxgone)
Cette situation est incompréhensible. La préfecture a ordonné au porteur de projet un inventaire naturaliste, mené par une société spécialisée, qui doit intervenir dans les prochaines semaines. Mais, dans le même temps, elle n’a pas demandé la suspension des travaux. Si les militants se font déloger, il faudra donc compter et identifier les espèces au milieu des pelleteuses en action ! Autrement dit, on devra dresser l’inventaire des animaux protégés pendant que les engins détruiront leur lieu de vie. Ubuesque.
Une catastrophe pour la faune locale
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