La Newsletter d'Hugo Clément

Chaque mercredi sur votre boîte mail, un décryptage approfondi sur un sujet lié à l'environnement, les infos à ne pas manquer, et mes recommandations culturelles. Bonne lecture !

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Par Hugo Clément
12 juin · 6 mn à lire
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Garder le cap au milieu du chaos

Depuis dimanche soir, la France s'est enfoncée dans une période trouble. La dissolution de l'Assemblée nationale plonge notre pays dans l'inconnu et suscite beaucoup d'inquiétudes chez nombre d'entre vous. Face à ce chaos politique, il faut garder le cap et continuer à mener les combats pour l'environnement.

Salut tout le monde ! J’espère que vous allez bien.

Tout d’abord : MERCI pour votre fidélité et votre soutien à Sur le front ! L’enquête sur le gaspillage diffusée lundi soir sur France 5 a fait un carton d’audience, avec largement plus d’un million de téléspectateurs. Le replay est disponible gratuitement en cliquant ici.

C’est la saison de tous les records pour Sur le front, puisque l’émission dépasse le million de téléspectateurs en moyenne par épisode, ce qui est notre meilleur niveau historique depuis notre lancement il y a cinq ans. Cette saison, nous sommes même l’émission en prime time sur France 5 la plus suivie. La preuve que l’on peut parler d’environnement et toucher un large public !

Tout cela, c’est grâce à vous, à France Télévisions qui nous accorde sa confiance, et aux formidables équipes qui travaillent avec moi depuis toutes ces années. Je tiens à remercier en particulier Pierre Grange, le rédacteur en chef de Sur le front, et Clara de Beaujon, la responsable des enquêtes, sans qui cette émission ne pourrait pas exister. L’équipe va prendre un peu de repos cet été, et sera de retour à la rentrée pour de nouvelles investigations.

D’ici là, je continuerai à vous informer avec cette newsletter, mes chroniques sur France Inter, mes réseaux sociaux et Vakita !

Bonne lecture et prenez soin de vous.

Hugo

Que dire de la situation politique dans laquelle se trouve notre pays depuis dimanche soir ? Je me garderai bien de jouer les éditorialistes, ce n’est pas mon métier, et je ne maîtrise pas toutes les subtilités du jeu politicien.

En prenant la décision de dissoudre l’Assemblée nationale, le président de la République a plongé la France dans l’inconnu. Bien malin celui qui pourra prédire ce qu’il se passera dans les prochaines semaines, et je sais à quel point cette situation bouleverse beaucoup d’entre vous.

Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il va falloir garder le cap au milieu de ce chaos politique. Durant la période qui s’ouvre, la tentation de reléguer les enjeux environnementaux au second plan sera grande. Mais, face à la gravité du changement climatique et à l’effondrement de la biodiversité, nous ne pouvons pas nous le permettre.

Même si cela sera difficile, même si ce sujet aura du mal à se frayer un chemin dans les médias et dans les discours des candidats, il ne faut pas baisser la garde. Les mobilisations citoyennes qui existent partout en France contre les projets destructeurs de l’environnement doivent se poursuivre avec la même vigueur. Le combat des associations au niveau national doit continuer sans faiblir. La transformation de nos modes de vie et des entreprises qui ont compris l’ampleur du problème ne peut pas s’interrompre.

Nous devons, chacune et chacun à notre niveau, continuer à relayer ces mobilisations et il est indispensable d’interpeller dès à présent les élus et les candidats aux législatives sur l’importance des enjeux environnementaux. À l’heure où beaucoup de citoyens sont dégoûtés de la politique, je vous invite à aller renforcer les rangs des associations de défense de la nature et des animaux.

À mon sens, l’action associative est le moyen le plus efficace d’avoir un impact, localement et nationalement, quelle que soit la situation politique du pays. Plus les associations seront puissantes et organisées, plus elles seront écoutées par les futurs députés à l’Assemblée nationale, par le futur Gouvernement, et plus elles seront armées pour lutter en faveur de la préservation du vivant.

Au moment où j’écris ces lignes, rejoindre une association est l’action la plus facile à mettre en oeuvre pour préparer la suite avec efficacité. Je vous partage donc ci-dessous des liens pour adhérer ou faire des dons à différentes organisations d’envergure nationale. Bien sûr, vous pouvez aussi rejoindre les collectifs locaux qui existent autour de chez vous, ou en monter un vous-même, par exemple pour aller à la rencontre des candidats aux législatives et faire entendre votre voix.

Vous pouvez compter sur moi pour mener ce combat à vos côtés. Je continuerai à utiliser tous les canaux possibles (TV, radio, réseaux sociaux, livres, newsletter…) pour imposer l’environnement dans le débat public, au-delà des clivages politiciens. Si vous souhaitez me soutenir, ainsi que mes équipes, vous pouvez vous abonner sur notre site Vakita, pour nous aider à financer nos enquêtes et reportages.

Voici la liste non exhaustive des associations nationales que je vous encourage à renforcer dès aujourd’hui (il y en a beaucoup d’autres), avec les liens vers leurs sites web :

Je conclus par les mots de Saint-Augustin, qui me semblent adaptés à la situation que nous traversons : “L’espérance a deux magnifiques enfants : la colère face aux choses telles qu’elles sont, et le courage nécessaire pour les changer”.

1 - Le réchauffement climatique est plus rapide que jamais, alerte une nouvelle étude

Une nouvelle étude publiée le 5 juin dans Earth System Science Data révèle que le réchauffement climatique s’accroît plus vite que jamais, et que la fenêtre pour limiter la hausse des températures à + 1,5°C est presque déjà refermée. Pour arriver à ces conclusions, un groupe de 59 chercheurs issus de 44 institutions différentes ont mis à jour les données du rapport du GIEC de 2021, dédié aux bases physiques du changement climatique. 

Et les résultats sont sans appel : la température au niveau mondial a progressé de 0,26 °C sur la décennie 2014-2023. Du jamais-vu dans l’histoire des relevés de températures liées à l’activité humaine. La sortie de cette étude coïncide d’ailleurs avec les terribles événements qui frappent actuellement de nombreux pays, qu’il s’agisse des canicules extrêmes en Inde, au Pakistan et au Mexique, ou des inondations meurtrières dans le sud du Brésil.

En mai, l'Inde a connu des vagues de chaleur extrêmes et mortelles.En mai, l'Inde a connu des vagues de chaleur extrêmes et mortelles.

S’il ne fait aucun doute que la planète se réchauffe plus vite qu’avant (+ 0,18 °C par décennie observé entre 1970 et 2010), les spécialistes du climat se veulent toutefois prudents sur le fait que cette accélération se poursuive. “On n’est pas dans un emballement ou une réponse incontrôlée du système climatique”, indique au Monde Pierre Friedlingstein, directeur de recherche au CNRS et signataire de l’étude. Le premier auteur, Piers Forster, climatologue à l’université de Leeds (Royaume-Uni), assure être encore “optimiste” quant à la capacité des pays à réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre.

2 - En Méditerranée, des poissons en voie de disparition refont surface

La mer Méditerranée serait-elle en meilleure forme qu’on ne le croit ? La question se pose après la publication des résultats d’une étude menée sur la biodiversité marine l’été dernier entre l’Italie, la France et l’Espagne. Cette étude, baptisée BioDivMed, a permis de cartographier la faune marine sur plus de 2000 kilomètres de côtes, et révèle que des espèces que l’on croyait disparues sont en fait toujours présentes dans les eaux méditerranéennes.

Le requin ange (Squatina squatina), est en danger critique d'extinction en Méditerranée.Le requin ange (Squatina squatina), est en danger critique d'extinction en Méditerranée.

C’est le cas par exemple du requin ange, un poisson inoffensif pour l’humain et classé en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ou encore du requin peau bleue, également inoffensif pour l'homme, présent près de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), lui aussi classé en danger critique d’extinction par l’UICN.

En tout, ce sont 267 espèces de poissons qui ont pu être identifiées par les chercheurs. De nouvelles espèces sont par ailleurs apparues et colonisent désormais le nord de la Méditerranée. C'est le cas du crabe bleu et de la dorade coryphène plus couramment appelée “mahi mahi”, qui ont émigré depuis l'océan atlantique vers la mer Méditerranée sous l’effet du changement climatique et du réchauffement des eaux.

Pour parvenir à cet inventaire, les chercheurs ont eu recours à une méthode basée sur l’ADN environnemental, qui permet de repérer une espèce animale plusieurs minutes après son passage puis de la localiser. Cette technique ne permet pas, en revanche, de renseigner les scientifiques sur l’abondance d’une espèce.

3 - Bientôt une ferme-usine de 270 000 vaches en plein Sahara

C’est le nouveau projet hors norme et complètement fou signé entre l’Algérie et le Qatar. Une exploitation géante de 270 000 vaches va voir le jour en plein cœur du désert du Sahara. L’objectif : produire chaque année 1,7 milliard de litres de lait pour les transformer en 200 000 tonnes de poudre de lait, une denrée très consommée en Algérie et jusque-là en majorité importée.

Cet accord à 3,5 milliards de dollars a été signé par le gouvernement algérien et le groupe laitier qatari Baladna. L’entreprise n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle a déjà construit une ferme-usine de 24 000 vaches dans le désert du Qatar, près de Doha. Avec ce nouveau projet, le groupe souhaite désormais réaliser “le plus grand projet intégré de production de lait en poudre au monde.”

Un aperçu de la ferme de 24 000 vaches de l'entreprise Baladna au Qatar.Un aperçu de la ferme de 24 000 vaches de l'entreprise Baladna au Qatar.

Cette exploitation doit s'étendre sur 117 000 hectares et comprendre une ferme d’élevage, une usine de fabrication de lait en poudre et une ferme de production de fourrage et de céréales pour l’alimentation des animaux. Évidemment, construire une ferme aussi massive en plein désert nécessite des quantités d'eau colossales pour l'irrigation des cultures fourragères et l'abreuvement des vaches laitières.

Dans une région où les sécheresses sont fréquentes, l’exploitation des réserves souterraines risque d'avoir des conséquences dramatiques pour l’environnement. Sans parler des conditions de vie des animaux, qui vivront dans une grande promiscuité et qui n’auront très probablement pas accès à l’extérieur à cause de la chaleur.

17 millions

C’est le nombre de visionnages de nos vidéos sur les élections européennes, mises en ligne sur les réseaux sociaux de Vakita ! Alors que certains pensent encore que l’écologie n’intéresse pas les gens, le succès de notre semaine spéciale démontre l’inverse. Constatant l’absence de cet enjeu crucial dans la campagne, j’ai interviewé les principales têtes de liste lors d’entretiens en face à face, avec des questions 100% consacrées à l’environnement.

Avec les équipes de Vakita, nous sommes fiers de mettre ce sujet fondamental en lumière. C’est notre raison d’exister : enquêter sur l’environnement, donner de la force à celles et ceux qui luttent sur le terrain et parler d’écologie au plus grand nombre, pour faire bouger les lignes.

Pour nous permettre de continuer nos enquêtes et de couvrir les élections législatives à venir pour replacer l’écologie au cœur des débats, vous pouvez vous abonner sur Vakita.fr en cliquant ici ! Vos abonnements (5 € par mois ou 50 € à l’année) nous permettent de financer ce type d’opérations spéciales, nos enquêtes, et nos reportages. Vous pouvez compter sur nous pour ne rien lâcher !

Mangeons du pain recyclé !

C’est une découverte que j’ai faite lors d’un tournage du dernier numéro de Sur le front, consacré au gaspillage alimentaire. Beaucoup de boulangers jettent à la poubelle une quantité importante de pains et de viennoiseries une fois leur journée terminée. Beaucoup, mais pas tous. Je suis allé à la rencontre du boulanger et meilleur ouvrier de France Mickaël Morieux qui recycle ses invendus pour fabriquer du nouveau pain plutôt que de les jeter à la benne.

Le procédé est extrêmement simple : grâce à une machine qui broie le pain trop dur, il récupère la matière première (beurre, farine, sucre) sous forme de poudre et la réutilise dans ses recettes. J’ai pu goûter ce fameux “pain recyclé”, et le résultat est bluffant. Tout y est : la couleur, le goût, la texture… C’est à se demander pourquoi tous les boulangers ne font pas ça ! En plus de lutter contre le gaspillage alimentaire, cela permet aussi de faire des économies de matière première. Mickaël Morieux m’assure que le pain recyclé lui permet d’augmenter la rentabilité de sa boulangerie. Bref, c’est gagnant pour tout le monde.

Pour voir à quoi cela ressemble, vous pouvez regarder cette vidéo sur le compte Instagram de Vakita. Et si vous êtes de passage près de Paris et que vous voulez faire un saut dans sa boutique, voici l’adresse : 35 rue d'Aguesseau, à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine.

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